Mgr Carlo Maria Vigano, ancien nonce aux États-Unis, bientôt jugé à Rome pour crime de schisme
L’issue semblait inévitable. Dans un communiqué publié jeudi 20 juin, l’ancien nonce apostolique aux États-Unis Mgr Carlo Maria Vigano, critique virulent du pape François, a lui-même annoncé sa convocation à Rome pour une procédure pénale extrajudiciaire à son encontre pour « crime de schisme ». Le prélat, en rupture totale avec Rome depuis des années et porte-parole des théories du complot, risque l’excommunication.
Selon la convocation du Vatican rendue publique par l’intéressé, il est accusé de « des accusations publiques, qui aboutissent à une négation des éléments nécessaires au maintien de la communion avec l’Église catholique »notamment le fait de nier « la légitimité du pape François », « la rupture de la communion avec lui » Et « le rejet du Concile Vatican II ».
𝗖𝗼𝗺𝘂𝗻𝗶𝗰𝗮𝘁𝗼 𝗮 𝗽𝗿𝗼𝗽𝗼𝘀𝗶𝘁𝗼 𝗱𝗲𝗹𝗹’𝗮𝘃𝘃𝗶𝗼 𝗱𝗲𝗹 𝗽𝗿𝗼𝗰𝗲𝘀𝘀𝗼 𝗽𝗲𝗻𝗮𝗹𝗲 𝗲𝘅𝘁𝗿𝗮𝗴𝗶𝘂𝗱𝗶𝘇𝗶𝗮 𝗲𝘅𝘁𝗿𝗮𝗴𝗶𝘂𝗱𝗶𝘇𝗶𝗮 (Art. 2 SST; Can. 1364 CIC)
Le Dicastero pour le Dottrina de la Fed m’a communiqué, avec un simple… pic.twitter.com/mYWGBVTwDK
-Arcivescovo Carlo Maria Viganò (@CarloMVigano) 20 juin 2024
Vatican II, « cancer idéologique »
Représentant du pape aux États-Unis entre 2011 et 2016, l’archevêque Carlo Maria Vigano est devenu l’un des critiques les plus féroces du pontificat de François. Il l’avait d’abord accusé en 2018 d’avoir protégé l’ancien cardinal Theodore McCarrick, ex-archevêque de Washington, coupable de multiples viols et agressions sexuelles sur mineurs et jeunes adultes.
Depuis, le prélat ne cesse de remettre ouvertement en question la légitimité de François, estimant qu’il aurait « usurpé » le siège de Saint-Pierre. Il s’en prend sur les réseaux sociaux à un présumé « Secte bergoglienne » à la tête d’un complot visant à détruire l’Église catholique.
Relayant de nombreuses théories complotistes sur la pandémie de Covid-19, il s’est rangé du côté du sédévacantisme et rejette désormais Vatican II, qu’il qualifie de « plan diabolique », tout comme la messe du rite de Paul VI. Fin mai, il avait même déclaré sur certains sites d’extrême droite que le pape François s’était livré à des violences sexuelles alors qu’il était maître des novices jésuites en Argentine.
Dans son communiqué du 20 juin, Mgr Vigano considère les accusations portées contre lui comme « une cause d’honneur ». « Ce n’est pas un hasard si l’accusation portée contre moi concerne la remise en question de la légitimité de Jorge Mario Bergoglio et le rejet de Vatican II : le concile représente le cancer idéologique, théologique, moral et liturgique dont « l’Église synodale bergoglienne est le nécessaire métastase »il a écrit.
Proche de Richard Williamson
Tombé en disgrâce, Carlo Maria Vigano a créé l’association Exsurge Domine en juillet 2023. Venant en aide aux communautés schismatiques qu’il estime persécutées par l’Église, il a récemment exprimé l’ambition de créer un séminaire à Viterbe, en Italie, comme l’a indiqué Mgr Lefebvre. avait fait en son temps à Écône (Suisse), le séminaire de la Fraternité Saint-Pie X.
Il revendique également cet héritage. « Le schéma se répète même après que dix décennies ont démontré le choix prophétique de Mgr Lefebvre »a-t-il déclaré dans son communiqué.
Ces dernières années, Mgr Carlo Maria Vigano s’est rapproché de Richard Williamson, un évêque consacré par Mgr Marcel Lefebvre mais exclu de la Fraternité Saint-Pie-X pour prises de positions négationnistes.