Meurtre et viol de Carole Soltysiak, 13 ans, en 1990 : l’affaire froide de 34 ans sur le point d’être résolue ?
C’est un nouveau rebondissement dans cette affaire vieille de bientôt 34 ans. La famille de la jeune Carole Soltysiak, tuée en novembre 1990 près de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire), retrouvera-t-elle bientôt un peu de paix ? En tout cas, un homme de 62 ans vient d’être mis en examen pour viol et meurtre sur mineur de 15 ans dans le cadre de l’information judiciaire rouverte le 13 mars 2023 par la cellule des crimes en série ou non élucidés du tribunal judiciaire. de Nanterre.
Le samedi 17 novembre 1990, Carole Soltysiak passe l’après-midi chez des amis. La jeune fille de 13 ans rentre ensuite chez elle accompagnée de son petit ami. A quelques centaines de mètres du domicile de la jeune fille, le couple se sépare. C’est la dernière fois que Carole sera vue vivante.
Le lendemain, à plus de 15 kilomètres de là, dans un bois, un chasseur découvre l’horreur : Carole gît morte et nue. Elle a été violée et est décédée des suites de quatre coups de couteau à la poitrine. Pour dissimuler leur crime, les auteurs ont tenté de mettre le feu à sa dépouille avec de l’essence et de l’alcool.
Deux hommes inculpés depuis 2000
L’enquête est dure et pitoyable. Jusqu’en 2000. Les enquêteurs se sont alors intéressés aux personnes habituées à fréquenter ce bois proche de Montceau-les-Mines. C’est ainsi qu’ils remontent à Alain et François, 30 et 31 ans, deux hommes présentés comme « simples d’esprit », originaires du département. Le Parisien écrivait à l’époque qu’ils avaient fait des aveux partiels au juge d’instruction, sans toutefois établir de responsabilités ni de mobile.
Au même moment, les gendarmes de la section de recherches de Dijon (Côte-d’Or) soupçonnent un troisième homme, un certain Madjid. Mais cette piste n’est pas suivie : l’homme est interné dans un centre spécialisé en raison de son état psychologique.
Depuis, plus rien. Alain et François n’ont jamais été jugés. Toujours mis en examen dans cette affaire, ils ont été libérés sous contrôle judiciaire en 2001. En 2005 cependant, la cour d’appel de Dijon a ordonné la comparaison de l’ADN retrouvé sur le corps de la victime (ne correspondant pas à celui des deux suspects) à celui de la série. les tueurs Francis Heaulme et Michel Fourniret, mais cela n’aboutit à rien.
Fin 2022, le centre des affaires froides de Nanterre reprend le dossier et le confie à la juge Sabine Kheris. C’est ce magistrat qui a obtenu les aveux de Michel Fourniret, « l’Ogre des Ardennes », dans l’affaire Estelle Mouzin.
Ce nouveau suspect, un homme de 62 ans originaire de Montceau-les-Mines, était-il présent au moment des tortures de l’adolescent ? Apportera-t-il des réponses à la famille de Carole ? La mère de la jeune fille l’espère. « Quoi qu’il en soit, ils sont trois. Il y a des témoins qui ont dit cela. Ils ont aperçu trois personnes dans la voiture, une devant, une à côté du conducteur, puis celle derrière. », confie Betty Soltysiak à France Bleu.
« Dans mes cauchemars, je vois ma fille se faire violer »
Selon cette mère, s’exprimant toujours à la radio régionale, deux autres jeunes filles auraient pu subir le même sort sur le chemin emprunté par Carole. « Ils sont tombés sur une première jeune fille qui a réussi à se défendre, puis une seconde qui les a plus ou moins intéressés. Et puis Carole qui était mignonne et malheureusement, elle était la troisième », assure-t-elle. Betty Soltysiak déplore : « Nous attendons toute notre vie et jusqu’à notre mort, nous attendrons. Je vais bientôt avoir 70 ans et tout ce que je veux avant de partir, c’est que les avocats me disent ce qui s’est passé. Parce que le problème est que je ne sais pas. (…) Chaque nuit, dans mes cauchemars, je vois ma fille se faire violer. »
« Après des années d’inaction et d’indifférence » de la justice, le suspect a été mis en examen « au vu de nouveaux éléments d’enquête », précise Me Didier Seban, avocat de la mère.
Cette affaire fait partie d’une série de meurtres non élucidés dans les années 1980-1990 en Saône-et-Loire, dits des disparus de l’A6, dont le seul point commun jusqu’à aujourd’hui reste la proximité territoriale. Après le meurtre de Christelle Blétry, 20 ans, tuée de 123 coups de couteau en 1996 à Blanzy (Saône-et-Loire), certaines familles des victimes se sont regroupées au sein de l’association Christelle, représentée par Me Didier Seban. Il s’agissait entre autres des familles de Sylvie Aubert, étranglée en 1986, Nathalie Maire, étranglée en 1987, Carole Soltysiak, Virginie Bluzet, assassinée en 1997, et Vanessa Thiellon, droguée et battue à mort en 1999.