Meurtre de Chevaline : douze ans après le quadruple meurtre, où en est l'enquête ?
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Meurtre de Chevaline : douze ans après le quadruple meurtre, où en est l’enquête ?

Meurtre de Chevaline : douze ans après le quadruple meurtre, où en est l’enquête ?

« Je ne pense plus que nous soyons très loin. » En février 2022, la procureure d’Annecy, Line Bonnet, se disait confiante sur la résolution du quadruple meurtre de Chevaline, en Haute-Savoie, survenu dix ans plus tôt, en 2012. Si le mystère reste toujours entier, le dossier est passé entre les mains du centre « cold case » de Nanterre.

Douze ans après ce qui a été surnommé « la tuerie Chevaline », de nouvelles expertises, notamment balistiques, ont été ordonnées par la juge d’instruction en charge du dossier, Sabine Khéris, apprend Le Parisien, confirmant une information de RTL publiée ce mercredi 29 mai.

Le 5 septembre 2012, Saad al-Hilli, un Britannique de 50 ans d’origine irakienne, son épouse Iqbal, âgée de 47 ans, et sa belle-mère Suhaila, âgée de 74 ans, ont été retrouvés. morts, criblés de balles dans leur voiture garée sur un parking d’une route de montagne près de Chevaline, sur les hauteurs du lac d’Annecy.

Zainab al-Hilli, 7 ans, l’une des petites filles du couple, a été grièvement blessée à la tête tandis que la seconde, Zeena, 4 ans, s’en est sortie indemne après s’être recroquevillée sous les jambes de sa fille. mère. Un cycliste de la région, Sylvain Mollier, 45 ans, probable victime collatérale, a été abattu lors de la fusillade.

Nouvelle expertise balistique

Malgré de nombreuses analyses, l’arme du crime n’a jamais été retrouvée. Grâce à la découverte d’un morceau de crosse de l’arme sur les lieux du crime, une première enquête balistique, menée en 2012, a établi qu’il s’agissait d’un « Luger P06/29, une arme de poing datant du début du XXe siècle, utilisé par l’armée suisse est ensuite tombé en désuétude», rappelait Le Parisien en 2022.

Selon les informations du Parisien, confirmant celles de RTL, une nouvelle expertise balistique, réalisée en décembre 2023, a permis d’établir que l’arme « la plus probable » utilisée dans la tuerie de Chevaline était bien un pistolet « Luger Modèle P06-« . . 29 », calibre 7,65 mm, issu d’une série de 940 exemplaires fabriqués en 1935 en Suisse.

Lors de l’expertise, réalisée à partir des 21 balles de même calibre retrouvées sur les lieux du crime, deux séries de fabrication ont été identifiées comme étant « très proches de l’arme recherchée ». Mais l’un d’eux présente « une meilleure compatibilité », selon une source proche du dossier.

Mais ce n’est pas tout. Selon nos confrères de RTL, le magistrat a également lancé de nouvelles expertises, notamment génétiques, sur des mégots de cigarettes retrouvés à proximité de la scène du crime. La tenue de la quatrième victime, le cycliste Sylvain Mollier, ainsi que les vêtements d’une des filles survivantes, devraient également être analysés, précise la radio.

Le mystérieux motard

Pourtant, en douze ans, de nombreuses pistes ont déjà été explorées par les enquêteurs. A commencer par celui du mystérieux motard aperçu par William Brett Martin, le cycliste qui a découvert la scène du crime et alerté le premier les secours. Ce Britannique affirme l’avoir vu redescendre sur la route, en contrebas du parking où se trouvaient les quatre victimes. Des propos corroborés par les agents de l’Office national des forêts (ONF) présents sur place.

L’homme, chef d’entreprise lyonnais, n’a été identifié qu’en mai 2014, vingt mois après la tuerie, et librement interrogé en janvier 2015. Aux enquêteurs, il a expliqué qu’il avait fait du deltaplane et qu’il avait ensuite emprunté les petites routes pour rejoindre profitez du paysage avant de rentrer chez vous. L’homme a affirmé n’avoir rien remarqué de suspect lors de sa balade en moto.

Mais en janvier 2022, ce dernier est placé en garde à vue. Après des milliers d’heures de travail, les enquêteurs ont constaté des incohérences dans son emploi du temps. Entendu pendant 36 heures, ce père de famille a finalement été libéré sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. « Il est totalement hors de question, cette piste est fermée », expliquait alors une source judiciaire au Parisien.

L’histoire de la famille al-Hilli

Dès le début de l’enquête, la police avait examiné l’environnement familial et personnel des victimes. Ils découvrent rapidement que Saad al-Hilli est en conflit avec son frère Zaid al-Hilli, également résidant en Angleterre, au sujet d’un différend sur l’héritage de leur père, estimé à 5 millions d’euros.

Les deux frères se disputèrent des testaments contradictoires, l’un se partageant équitablement l’héritage, l’autre déshéritant complètement Saad al-Hilli. Les enquêteurs soupçonnaient alors Zaid d’avoir tué Saad et sa famille pour empocher la totalité du domaine.

Si Zaid n’était pas en France au moment du drame, les enquêteurs étaient persuadés qu’il aurait pu ordonner l’assassinat de son frère aîné. Arrêté à deux reprises en 2013 et 2014, l’homme, qui avait toujours clamé son innocence, a finalement été disculpé.

La vie d’Iqbal, épouse de Saad, a également été scrutée. Et pour cause, avant de le rencontrer, cette femme de 47 ans a vécu deux ans aux Etats-Unis, où elle a épousé un chirurgien dentiste de 13 ans son aîné. Une vie que ses proches ignoraient totalement. D’autres éléments avaient intrigué les enquêteurs. Son ancien mari est décédé le 5 septembre 2012, le même jour que la tuerie de Chevaline, d’une crise cardiaque. Malgré les investigations, cette piste n’a rien donné.

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