Ritaline, Medikinet, Concerta, Quasym : toutes ces marques font référence à une seule molécule, le méthylphénidate (MPH). De la famille des stimulants, il n’est ni une amphétamine, ni un dérivé d’amphétamine et peut être prescrit dans le traitement médicamenteux du trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), chez l’enfant comme chez l’adulte. En 2023, les enfants de 6 à 17 ans représentaient 65 % des personnes traitées ayant reçu au moins une délivrance dans l’année (environ 111 000 jeunes patients, soit un peu plus de 1 % de la population de cette tranche d’âge), selon l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). L’augmentation annuelle est d’environ 15 % depuis 2021. « On entend encore dire que « trop d’enfants prennent du méthylphénidate », alors qu’en réalité, on rattrape son retard sur le sujet »souligne Nathalie Franc, pédopsychiatre au CHU de Montpellier.
Pour comprendre le fonctionnement de la molécule, il faut revenir sur les avancées de la physiopathologie. Deux régions du cerveau sont particulièrement impliquées dans le TDAH : le réseau des fonctions exécutives et le réseau du mode par défaut. Le premier s’active lorsque l’on souhaite réaliser une tâche, le second se concentre sur l’expérience subjective (émotions, introspection ou mémoire, par exemple). En théorie, lorsque l’un est activé, l’autre est en veille. « Mais avec le TDAH, lorsque la personne doit effectuer une action, le mode par défaut reste actif, perturbant les fonctions exécutives.explique le professeur de psychiatrie infantile Samuele Cortese, rattaché à l’Université de Southampton, au Royaume-Uni. On pense qu’il y a un problème de communication entre ces réseaux.. »
L’imagerie cérébrale fonctionnelle montre que la prise de MPH rééquilibre celui-ci : le cerveau fonctionne alors de manière similaire à celui d’une personne sans TDAH. Au niveau moléculaire, le médicament augmente le taux de dopamine – un neurotransmetteur qui influence l’éveil et le système motivationnel – dans la fenêtre synaptique. « Cela permet d’améliorer la concentration, et donc la qualité de l’apprentissage, et permet d’être plus présent »déclare le Dr Franc.
En termes d’efficacité, les méta-analyses d’études randomisées avec groupes témoins (le plus haut niveau de preuve scientifique) donnent une taille d’effet d’environ 0,8, un chiffre statistiquement significatif avec un impact clinique considérable. « Nous essayons une autre mesure avec le MPH, le numéro nécessaire pour la rue (NNT), c’est-à-dire combien de patients doivent être traités pour voir des améliorations par rapport au placebo ?explique le professeur Cortese. Pour le MPH, c’est environ 1,5. En comparaison, dans le cas de la dépression, il faut traiter six personnes avec des antidépresseurs pour voir l’état d’une seule personne s’améliorer.
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