Meta supprime un réseau de faux comptes Facebook liés à une campagne d’influence pro-israélienne
La société Meta a annoncé mercredi 29 mai avoir supprimé plusieurs centaines de comptes Facebook utilisés dans le cadre d’une opération d’influence pro-israélienne. Leur existence a été révélée en février et mars par des publications successives de chercheurs américains puis de médias israéliens.
Cette campagne, active à la fois sur Facebook, l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (UNRWA).
Dans son dernier rapport, Meta attribue formellement cette campagne à STOIC, une petite société privée israélienne basée à Tel Aviv et spécialisée dans les campagnes de communication en ligne. Sur son site Internet et ses comptes sur les réseaux sociaux, l’entreprise, qui dit avoir été créée en 2017, met en avant son savoir-faire en matière de campagnes politiques et vend des outils de création de contenus utilisant l’intelligence artificielle. Il ne propose pas explicitement d’outils pour créer de faux comptes mais vante les services de « distribution » de contenu. Meta a annoncé mercredi avoir envoyé une lettre légale à l’entreprise lui demandant formellement de cesser toute activité sur ses plateformes.
En mars, le journal israélien Haaretz a publié une enquête sur une campagne d’influence coordonnée et pro-israélienne menée sur les réseaux sociaux – la première identifiée depuis le début de la guerre. Un réseau de faux comptes X, dont beaucoup présentés comme appartenant à des internautes américains, a servi à amplifier certains discours officiels de la diplomatie israélienne, mais aussi à dénoncer la montée de l’antisémitisme dans les universités américaines. L’enquête a également permis de déterminer que ces faux comptes servaient à amplifier l’écho de faux médias, créés de toutes pièces dans le cadre de cette campagne : Moral Alliance, Unfold Magazine et Non-Agenda. S’il est difficile d’estimer la portée réelle de cette campagne sur tous les réseaux, Meta estime que, sur Facebook et Instagram, la plupart des publications étaient automatiquement supprimées avant de générer un engagement authentique.
Attaques contre l’UNRWA
Comme le montre un rapport de l’ONG Fake Reporter, cité par Haaretz, certains de ces récits ont également repris des accusations visant de nombreux membres de l’organisme uni UNRWA comme étant directement liés au Hamas. En février, des chercheurs du DFRLab, un laboratoire adossé à un think tank américain et spécialisé dans l’étude de la désinformation, avaient déjà identifié des signes d’activités inauthentiques sur X autour de cette problématique.
La grande majorité de ces tweets ont été envoyés aux alentours du 31 janvier, lorsque les renseignements israéliens ont formellement accusé les employés de l’UNRWA d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre et que de nombreux pays ont annoncé qu’ils retiraient leur soutien financier à l’agence. Une enquête interne de l’ONU est toujours en cours, mais les diplomates ont accusé à plusieurs reprises les autorités israéliennes de ne pas avoir fourni suffisamment de preuves pour étayer certaines accusations.
La montée en puissance des entreprises privées dans l’organisation d’opérations d’influence en ligne permet de masquer, grâce aux intermédiaires, les donneurs d’ordre de ces campagnes. Dans son rapport, Meta est seulement parvenu à identifier l’opérateur technique de ces faux comptes, la société STOIC, sans pouvoir préciser qui était le client. Dans son enquête, le quotidien Haaretz a rappelé que les autorités israéliennes avaient financé, depuis le début de la guerre, plusieurs initiatives, tant privées qu’institutionnelles, afin de promouvoir la diplomatie du pays.