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«Mes étoiles, c’est le peuple» : à Flixecourt, François Ruffin invite la gauche à s’ouvrir pour gagner

En avril, il y a les chasses aux œufs. En août, celles aux symboles politiques qui signent parfois des déclarations d’intention. Dans son fief de Flixecourt, ce samedi 31 août, François Ruffin, député (Picardie debout) de la Somme, fait de sa rentrée politique une fête de village. Comme pour mieux conjurer le souvenir de sa fin d’année : son divorce avec la France Insoumise et sa difficile réélection à l’Assemblée nationale. Sur le chemin qui mène aux débats pour  » gagner « , entre l’urgence de « être aimé » et dessiner « Des leçons sur les deux fronts »beaucoup d’activités sont dispersées. Un bouleversement de la macronie, un jeu de  » Qui est-ce ? «  grandeur nature reprenant nombre de prétendants à l’Élysée, une pétanque où il est essentiel de viser juste pour gagner… Et des costumes de sumos, ces lutteurs japonais, sont à disposition de ceux qui veulent jouer à la bagarre – pour mieux devenir des poids lourds capables de renverser les autres. En fond sonore, des chants militants historiques, puis un tube des Fatals Picards pleurant une gauche  » partie «  en même temps que le père. « Le sujet doit être les gens, tous les gens, répète François Ruffin devant tous les micros qui se dressent devant lui lors d’une balade pluvieuse. Et gagner partout !.

« Je suis attaché à la France dans son intégralité, pas à moitié »

A ses côtés, aux micros ou pas, il n’y a pas de chefs de parti ni de candidats à Matignon, mais des représentants de toutes les forces du Nouveau Front Populaire (NFP), élus par le « tours » comme « villes »Des socialistes, comme le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel ; des communistes, comme le député du Cher Nicolas Sansu ; des écologistes, avec la présence de l’ancienne députée européenne Karima Delli. Quelques électrons libres, comme Alexis Corbière ou Pierre Larrouturou. Et deux parlementaires insoumis, Nicolas Maudet ou Leïla Chaibi. « Cette journée est un modèle de respiration politique populaire, festive et joyeusese réjouit Sébastien Jumel, ancien député PCF de Seine-Maritime. Aujourd’hui, la gauche est unie, diverse, et ne renonce pas à s’adresser à toutes les Frances.. Car pour gagner, tous ces gens s’assurent d’être unis autour d’un objectif commun : pousser toute la gauche à « réconcilier ». « J’entends souvent dire que je suis attaché à la France rurale et industrielleobserve François Ruffin. Non, je suis attaché à la France dans son ensemble, pas à la moitié. Je ne veux pas diviser, je veux réunifier la France des quartiers et des clochers. La gauche doit être le camp qui brise les murs et construit les ponts. Pour faire la France ensemble !.

Le fondateur de Fakir prévient : quel que soit le nom du futur Premier ministre, dont il espère toujours qu’il sera Lucie Castets, le NFP devra serrer les rangs pour préparer l’après-Macron et conquérir le pouvoir. « Je critique parfois les partis, mais quand je vois les quatre chefs de parti aller ensemble à l’Élysée sans se déchirer, je dis bravo.il admet. Mais attention à ne pas répéter le coup des Nupes où les belles paroles se transforment en plats cassés. Surtout, le Front populaire n’est pas né de quatre partis qui ont décidé de se marier, il est né de la pression populaire. Nous devons nous montrer dignes de lui et incarner l’espoir pour tous. ».

Comment ? A deux pas de la tribune nommée Gracchus Babeuf, un révolutionnaire français considéré par Jean Jaurès comme « premier émancipateur du prolétariat »il continue : « Les gens veulent se sentir protégés. Ces dernières années, les crises se sont succédées : le Covid, la guerre en Ukraine, l’inflation… Elles ont déstabilisé et fragilisé la majorité. À cela s’ajoute un sentiment d’humiliation, comme lorsque certains privent leurs enfants de vacances parce qu’ils doivent payer l’essence. Dans ce contexte, la gauche doit incarner un pôle de stabilité. Elle doit rassurer pour rassembler et réveiller les âmes. ».

Égalité sociale et territoriale

Pour cela, selon Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, également présente à Flixecourt, la gauche doit absolument « Réfléchissez à votre discours pour qu’il englobe davantage de problèmes et de réalités ». « Nous avons parfois une posture trop moraliste comme si nous étions trop conscients d’être dans le camp du bien… Et je balaie devant ma porte en disant queelle dit. Dans la posture comme dans le récit et l’imaginaire déployés, il faut rectifier le tir pour conquérir les territoires où nous avons perdu pied. Mais pour répondre à l’extrême droite, il ne faut pas tomber dans son piège identitaire. Il faut répondre avec notre propre obsession : l’égalité, sociale et territoriale. Il faut porter le débat sur un autre terrain.

Sophie Taillé-Polian, députée de Génération.s venue en soutien, abonde dans le même sens : « La gauche gagne quand elle parle à tout le monde. Il ne faut pas ramollir ou radicaliser notre base, choisir entre la social-démocratie et quelque chose de plus radical, mais il faut montrer que les problèmes des classes populaires sont les mêmes partout, dans les quartiers populaires comme dans les zones rurales, et que nous avons des solutions. ».

Alors que François Ruffin monte à la tribune pour un discours de clôture, certains de ses partisans s’interrogent. Comment compte-t-il traduire ces intentions en une voie concrète ? Va-t-il annoncer la création d’un mouvement ? Poser la première pierre d’une force militante nationale pour peser sur ce PFN dont il regrette qu’il soit « « Il n’y a pas de place pour le débat » ? Un invité surprise de taille le rejoindra-t-il sur scène ? La réponse à toutes ces questions est non.

« Mes étoiles sont les gens »a-t-il déclaré aux 1 500 personnes rassemblées. « On me dit parfois : ‘La Picardie debout c’est bien, mais je ne suis pas Picard’. »il sourit. Je réponds : s’impliquer moins sur Twitter, plus avec les Restos du cœur, dans les associations de parents d’élèves, dans les écoles de foot… Pendant longtemps, dans les municipalités, on a toujours eu une figure de gauche bien identifiée dans les clubs, ça nous a permis de ne pas arriver aux élections inaperçus. Sans drapeau, sans slogan, allez balayer, allez dégager. Il faut que ça change en bas pour que ça change en haut. ». Et à la fin, « C’est nous qui gagnerons »il le promet. Peu importe qui porte le drapeau.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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