Mercedes en zone de turbulences
Mercedes ne traverse pas de tempête mais fait déjà face à de sérieux grains. Le ralentissement des immatriculations européennes, qui s’accompagne de la baisse des ventes de modèles électriques, mais aussi l’arrivée de la maturité des constructeurs chinois sur leur marché intérieur lui imposent de sérieux ajustements.
Le plus spectaculaire est la décision d’abaisser – pour la deuxième fois cette année – son objectif annuel de rentabilité. Mercedes ne prévoit qu’une marge opérationnelle de 7,5% à 8% pour 2024, contre 10% à 11% auparavant, un objectif déjà réduit suite aux mauvais comptes du deuxième trimestre. Selon ses dirigeants, le résultat opérationnel sera « nettement inférieur » aux 19,7 milliards d’euros débloqués en 2023.
« Tout le monde a surestimé la part de l’électricité dans les ventes qui, on pensait, aurait dû atteindre 25 % aujourd’hui alors qu’elle dépasse à peine les 10 %, mais il n’est pas question de renoncer à atteindre le zéro émission »affirme Monde Ola Källenius, le patron suédo-allemand du fabricant de Stuttgart. Il est ravi de « l’arrivée dans la gamme d’un nombre inhabituellement élevé de nouveaux modèles entre 2025 et 2028 ».
Cet offensant, décrit comme « massif », ne fera pas uniquement la part belle aux véhicules à batterie. La marque allemande, qui a reporté sa transition au tout électrique de 2030 à 2035, va accorder un sursis supplémentaire à certains de ses modèles équipés d’un moteur thermique. Ainsi, l’emblématique berline Classe S, qui sera largement restylée en 2026, promet d’être renouvelée en 2028 avec une version électrique et une autre, qui conservera un puissant moteur essence.
Différence avec la concurrence chinoise
Mercedes, qui a perdu du terrain depuis le début de l’année en Europe avec des immatriculations en baisse de 1,3%, est surtout confrontée à la nouvelle donne du marché chinois, qui absorbe 36% de sa production et représente son principal débouché. mondial. Au cours du troisième trimestre, la firme star a vu ses ventes reculer de 13%, un résultat à peine moins défavorable que celui de ses concurrents allemands. « Le problème numéro un, c’est la situation générale de l’économie chinoise qui ne va pas bien »assure M. Källenius, convaincu que la marque « est particulièrement résistant » malgré les vents contre lui.
Ce constat ignore l’écart de plus en plus évident entre les marques allemandes et la concurrence chinoise. Lorsque le moteur à combustion interne était la référence pour les riches acheteurs chinois, Mercedes, BMW, Porsche et Audi incarnaient l’alpha et l’oméga du luxe automobile. Ils n’ont pas perçu à temps les progrès réalisés par les industriels locaux, avec lesquels ils avaient noué des joint-ventures, notamment dans certaines spécialités numériques qui, pour les Européens, étaient largement terre inconnue.
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