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Mer Noire : la Russie dénonce les vols de drones américains et menace l’Otan de « confrontation directe »

Fin 2021, alors que la Russie renforçait ses troupes aux frontières de l’Ukraine, plusieurs pays de l’Otan, notamment les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, effectuaient des missions de renseignement dans la région de la mer Noire. Evidemment, cette activité s’est accrue après le début de la guerre, ce qui aurait pu donner lieu à plusieurs incidents.

Ainsi, en février, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, révélait qu’un « système de contrôle aérien russe menaçait d’abattre des avions français en mer Noire alors qu’ils se trouvaient dans une zone franche internationale ». Plus tôt, son homologue britannique avait rapporté qu’un chasseur Su-27 « Flanker » avait tiré un missile air-air à proximité d’un avion de renseignement interarmées RC-135 Rivet de la Royal Air Force (RAF). Officiellement, le pilote russe aurait « mal interprété les ordres »…

À ce jour, le seul incident ayant entraîné la perte d’un avion s’est produit le 14 mars 2023. Ce jour-là, un Su-27 est entré en collision avec un drone MALE (Medium Altitude Long Endurance) MQ-9 Reaper de l’US Air Force, tandis que opérant dans l’espace aérien international de la mer Noire. Mais le Pentagone s’est bien gardé de parler ouvertement d’un acte intentionnel.

Quoi qu’il en soit, les missions de renseignement se poursuivent… à un rythme sans doute encore plus rapide. D’autant que les forces américaines ont déployé de nouveaux moyens, comme le MQ-4C Triton, un drone HALE (High Altitude Long Endurance) équipé d’une batterie de radars, de caméras électro-optiques et de capacités de guerre électronique renforcées. . Opérant depuis la base de Sigonella, cet avion est régulièrement envoyé au-dessus de la mer Noire, mais aussi au large des côtes libyennes.

D’autres drones HALE, comme le MQ-4 Global Hawk, sont également demandés pour de telles missions, aux côtés de différents types d’aéronefs dédiés au renseignement. L’US Air Force en dispose, tout comme l’OTAN, sous le nom de « capacité alliée de surveillance terrestre » (AGS – Alliance Ground Surveillance).

Cela dit, ces derniers jours, les autorités russes ont élevé la voix à l’égard de cette activité, soupçonnée d’avoir pour but d’aider l’Ukraine à préparer et à mener des frappes contre ses infrastructures militaires. Après avoir menacé d’abattre les drones américains utilisés pour les missions ISR (renseignement, surveillance, reconnaissance), l’état-major russe a récemment annoncé le déploiement, dans la région de la mer Noire, de chasseurs MiG-31 « Foxhound », capables d’abattre un Global Hawk. ou Triton volant à plus de 18 000 mètres d’altitude.

Cette annonce a été rapidement suivie d’un « mensonge », des blogueurs militaires russes ayant affirmé, le 24 juin, qu’un MiG-31 avait abattu un Global Hawk américain. Cette allégation a été rapidement démentie, y compris par le Kremlin.

Tout est parti d’un article du quotidien russe Izvestia, qui affirmait que la veille, un Global Hawk se trouvait non loin de la Crimée au moment d’une frappe lancée par les forces ukrainiennes avec des missiles ATACMS contre Sébastopol. Bien que cela ait été contrecarré par la défense aérienne russe, les débris des appareils détruits en vol ont causé au moins quatre morts et plus de 150 blessés parmi les personnes qui se trouvaient sur une plage.

Selon les sites qui surveillent en temps réel le trafic aérien, un Global Hawk se trouvait tout près de la Crimée au moment de la frappe… mais il est revenu sain et sauf à Sigonella quelques heures plus tard.

En tout cas, les Russes sont convaincus que ces drones fournissent des données de ciblage aux Ukrainiens. Après que Moscou ait menacé Washington de mesures de représailles suite à la frappe du 23 juin, le ministère russe de la Défense a émis un nouvel avertissement.

Les vols de drones américains en mer Noire « augmentent la probabilité d’incidents dans l’espace aérien avec des avions des forces aérospatiales russes, ce qui augmente le risque d’une confrontation directe entre l’OTAN et la Fédération de Russie. Les pays de l’OTAN en seraient responsables », a-t-il d’abord déclaré. prévenu le 28 juin, via un communiqué.

Et d’ajouter que le ministre de la Défense Andreï Beloussov a ordonné « de prendre des mesures pour répondre rapidement aux provocations ». Reste à voir si les forces aérospatiales russes passeront des paroles aux actes…

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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