"Mensonges", convocation... Cet appel entre Paris et Moscou aux allures d'incident diplomatique
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« Mensonges », convocation… Cet appel entre Paris et Moscou aux allures d’incident diplomatique

« Mensonges », convocation… Cet appel entre Paris et Moscou aux allures d’incident diplomatique

Un appel téléphonique entre les ministres de la Défense russe et français au sujet de l’attaque terroriste dans une salle de concert de Moscou a donné lieu à des récits contradictoires. De nouvelles tensions entre les deux pays, qui s’attaquent verbalement depuis plusieurs mois sur fond de guerre en Ukraine.

Il s’agissait d’un appel téléphonique en faveur d’une coopération internationale contre le terrorisme. Cela s’est transformé en un incident qui n’a fait qu’aggraver une crise diplomatique qui s’aggravait depuis plusieurs mois. Un appel téléphonique le 3 avril entre Sébastien Lecornu et Sergueï Choïgu a encore brouillé les relations entre Paris et Moscou, jusqu’à ce que l’ambassadeur de France en Russie soit convoqué ce vendredi 12 avril.

Emmanuel Macron, ministres des Affaires étrangères, ambassadeur… Les divergences entre les deux pays impliquent de nombreux acteurs et sont à l’origine d’une montée de fièvre qui a livré son lot de rebondissements ces dix derniers jours.

Une nouvelle interview depuis 2022

A l’origine de cette escalade : un appel mercredi 3 avril entre le ministre des Armées Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgu, une première depuis octobre 2022 et l’arrêt des communications directes entre les deux ministères, huit mois après le début de la guerre en Ukraine.

Cet échange, demandé par Paris sur la question de la lutte contre le terrorisme, a eu lieu peu après l’attentat du 22 mars près de Moscou (au moins 144 morts et 360 blessés), revendiqué par Daesh.

Malgré les tensions croissantes entre les deux pays depuis les propos polémiques d’Emmanuel Macron sur un éventuel envoi de troupes occidentales au front en Ukraine, Sébastien Lecornu a assuré avoir « rappelé la disponibilité de la France » pour des « échanges accrus » avec la Russie dans la lutte contre le « terrorisme ». », selon le communiqué de son ministère.

La branche de Daesh soupçonnée d’avoir été à l’origine de l’attentat dans la banlieue de la capitale russe « avait mené plusieurs tentatives ces derniers mois » sur le « sol » français, avait déclaré peu après Emmanuel Macron. C’est pourquoi « nous (la France, NDLR) avons proposé aux services russes, ainsi qu’à nos partenaires de la région, une coopération accrue ».

Moscou « instrumentalise »

Lors de cet entretien d’une heure, Sébastien Lecornu a également assuré que la France « ne disposait d’aucune information permettant d’établir un lien entre cette attaque et l’Ukraine » et a demandé à Moscou de « Arrêtez toute exploitation ».

Ce à quoi le ministère de Sergueï Choïgou a répondu : « Le régime de Kiev ne fait rien sans l’accord de ses supérieurs occidentaux. Nous espérons que, dans cette affaire, les services secrets français ne sont pas derrière cela. »

Outre cette attaque indirecte, Moscou a également affirmé que les deux pays s’étaient dits « prêts à dialoguer » sur la guerre en Ukraine. « Le point de départ pourrait être « l’Initiative de paix d’Istanbul » », a-t-il ajouté.

Ces propos inattendus attribués à la France ont été immédiatement démentis par le ministère des Armées. Le ministre russe a clairement affirmé « être prêt à reprendre le dialogue sur l’Ukraine » mais « la France n’a ni accepté ni proposé quoi que ce soit » à ce sujet, a indiqué à l’AFP l’entourage du ministre français.

Des propos « baroques et menaçants »

Le lendemain, Emmanuel Macron, en déplacement à Saint-Denis à l’approche des Jeux olympiques, n’a pas été tendre avec la version moscovite de cet entretien.

Le chef de l’Etat a qualifié ces propos de « baroques et menaçants », ajoutant qu’il n’avait « aucun doute » sur l’ingérence « en termes informationnels » du Kremlin à l’égard des JO de Paris.

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Ce lundi 8 avril, le ministre des Affaires étrangères a également réagi et s’est même surpassé en la matière dans une interview accordée aux médias France24 et RFI depuis Abidjan, où il terminait une tournée en Afrique. Selon lui, la France n’a plus intérêt à « parler avec des responsables russes ».

« Ce n’est pas notre intérêt aujourd’hui de discuter avec les responsables russes puisque les communiqués qui sortent, les informations qui sont faites sont faux », a déclaré Stéphane Séjourné.

Avant de pouvoir reparler avec les Russes, « il faudra peut-être d’abord établir la confiance, peut-être surtout avoir des évolutions sur le terrain militaire en Ukraine pour que les relations puissent se renouer. Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui », a déclaré Stéphane Séjourné. Selon lui, la « longue tradition de coopération avec la Russie en matière de terrorisme » est désormais au point mort.

L’ambassadeur de France en Russie convoqué pour ses propos « inacceptables »

La réponse russe a été retardée de quatre jours mais elle est arrivée ce vendredi. Le ministère russe des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France à Moscou Pierre Lévy. En cause, les propos jugés « inacceptables » par Stéphane Séjourné.

Pierre Lévy « a été informé du caractère inacceptable de telles déclarations, qui n’ont rien à voir avec la réalité », a annoncé la diplomatie russe dans un communiqué.

« Nous considérons ces déclarations du ministre français des Affaires étrangères comme une action consciente et délibérée de la partie française visant à saper la possibilité même de tout dialogue entre les deux pays », a-t-elle poursuivi. En début de soirée, le ministère des Affaires étrangères n’avait pas encore réagi à cette convocation.

De son côté, Sébastien Lecornu n’a pas définitivement fermé la porte aux échanges avec la Russie, dans un entretien à LCI. Selon lui, le partenariat de sécurité antiterroriste entre les deux pays « n’est pas suspendu » mais « ne fonctionne pas de manière partenariale comme il devrait fonctionner ».

Quant à discuter avec les Russes, « il faut le faire quand c’est utile », a-t-il défendu. « Cela s’appelle simplement défendre les intérêts de la France. Nous ne sommes donc pas coupés. »

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