Dans l’imaginaire collectif, un homme qui vieillit devient sage, acquiert de l’expérience. « Alors que la femme qui mûrit n’est plus bonne à rien, elle est dépassée ! » : cette réflexion, livrée par l’une des intervenantes de ce documentaire consacré à la ménopause, témoigne du sentiment d’injustice ressenti par de nombreuses femmes approchant la cinquantaine. Dans la séquence d’ouverture, des archives sonores des années 1950 à 1980 donnent un aperçu à la fois drôle et angoissant des nombreux clichés attachés à cette période.
Une voix (féminine !) explique par exemple comment les femmes, autrefois « admirable et généreux »deviendrait soudainement « capricieux, méchant »…en tant que victimes de la malchance. Ces propos sont anciens, mais les mentalités ont-elles changé ? Pas sûr, à entendre les témoignages recueillis par la réalisatrice Julie Talon. Tout d’abord, le sujet reste tabou. Les femmes elles-mêmes hésitent à l’aborder, y compris avec leurs amies ou leur conjoint.
Une forme de libération
Le corps médical n’écoute guère. « Ces histoires de filles n’intéressent pas les médecins… sauf que ça génère un mal-être incroyable », » lance un quinquagénaire, avant de dérouler une liste impressionnante de symptômes, des bouffées de chaleur aux fuites urinaires. Ce tsunami physique est aussi un cap psychologique à franchir, avec le deuil de la maternité, l’acceptation d’un corps qui est « masculiniser » et la peur de ne plus être désirable.
Face à la caméra, les douze femmes « passé du côté obscur » se confier avec franchise et humour salvateur. S’ils se mettent à nu, au propre comme au figuré, le regard du réalisateur reste toujours modeste, bienveillant, et prend soin d’en révéler aussi les aspects positifs. «dernière étape du féminin». Parce que pour certaines femmes, la ménopause est un « forme de libération » face aux exigences de la société. A condition, souligne l’un d’eux,« Apprends à t’aimer pour qui tu es, pas pour ce que tu sembles ».
