« Même si les gens sont conscients du risque, ils ne font pas forcément les bons gestes »
Depuis qu’il a pris son bâton de pèlerin en mai 2023 pour aller frapper aux portes de ses voisins, Etienne Cocco a toujours reçu un accueil poli. Mais cet habitant de Pessac (Gironde) n’a jamais eu le sentiment d’exciter ses interlocuteurs en les informant sur le mode de vie du moustique tigre et les gestes qui permettent de s’en protéger, malgré l’importance de l’enjeu sanitaire et la mobilisation de tous dans la lutte contre ces insectes porteurs de maladies potentiellement graves. « C’est un peu décevant de voir qu’on n’arrive pas à convaincre les gens », explique le retraité de 75 ans, ancien enseignant.
Alors que la Gironde est déclarée « colonisée » par le moustique tigre depuis 2012, M. Cocco a rejoint l’an dernier une brigade de 70 « ambassadeurs » bénévoles pour la lutte contre les moustiques. Ces Pessacois ont reçu une formation avant d’aller prêcher la bonne parole à leurs concitoyens. Le principal message : il faut éliminer la moindre rétention d’eau qui pourrait servir de lieu de reproduction aux larves. Quelques centimètres cubes suffisent, comme une coupelle placée sous la plante en pot qui vient d’être arrosée, ou les plis d’une bâche laissée sous la pluie.
Les piqûres du « tigre » ne sont pas seulement une nuisance : l’insecte peut transmettre des arbovirus comme la dengue, le chikungunya ou le Zika, en piquant une personne malade puis une personne saine. En Gironde, de tels cas de transmission « autochtone » n’ont jamais été recensés, selon l’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine et Santé publique France ; mais en 2023, 78 cas de dengue et 2 cas de chikungunya « importés » – c’est-à-dire des voyageurs malades en provenance de l’étranger ou des DOM – ont été détectés, suscitant 58 opérations de démoustication pour bloquer toute flambée d’épidémie.
Tâche à long terme
Au 23 juillet, l’ARS a recensé trente-deux cas importés de dengue et un cas importé de chikungunya. L’agence surveille la situation d’autant plus étroitement que des visiteurs du monde entier sont attendus au stade de Bordeaux entre le 24 juillet et le 2 août pour la compétition olympique de football. Selon l’édition européenne de Compte à rebours de The LancetSelon une publication de référence sur l’impact du changement climatique sur la santé, datée du 12 mai, la pression de ces maladies devrait augmenter : « La mobilité humaine accrue, combinée à une meilleure adéquation climatique, contribue à une augmentation des maladies à arbovirus en Europe », les scientifiques écrivent.
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