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Membres sectionnés, chevaux abattus… De nouvelles fouilles confirment la brutalité de la bataille de Waterloo


La bataille de Waterloo est connue comme l’une des batailles les plus meurtrières du XIXe siècle. Opposant les forces françaises de Napoléon Bonaparte et les forces alliées du duc anglais de Wellington et du maréchal prussien Blücher, les affrontements du 18 juin 1815 firent au moins 20 000 morts, selon les estimations – peut-être bien plus. Il faut dire que sur le champ de bataille situé à une vingtaine de kilomètres au sud de Bruxelles (Belgique), peu de restes ont depuis été retrouvés.

L’horreur est enfin commémorée plus de deux cents ans plus tard. Les fouilles menées sur le site de l’hôpital de campagne (aujourd’hui la ferme Mont-Saint-Jean) par les archéologues de l’association d’aide aux vétérans Waterloo Uncovered ont porté leurs fruits : dans une fosse, probablement creusée intentionnellement, quinze membres sectionnés ont été découverts, ainsi que les squelettes de sept chevaux et d’une vache, rapporte The Guardian le 10 septembre 2024.

Bataille de Waterloo : quand des passionnés font revivre la défaite de l’armée1

Le mystère des soldats de la sanglante bataille de Waterloo

Waterloo marque la fin de l’épopée et des guerres napoléoniennes. Napoléon Ier (1769-1821), après son retour d’exil sur l’île d’Elbe (épisode des Cent-Jours), fait face à une coalition de Britanniques, d’Allemands et de Hollandais. Dans un premier temps, le chef militaire français espère diviser et vaincre séparément les armées alliées. Mais ses troupes ne parviennent pas à briser leurs lignes. L’arrivée de renforts prussiens en fin d’après-midi inverse le cours de la bataille. Après de lourdes pertes, les forces françaises sont mises en déroute. La défaite contraint l’empereur à abdiquer une seconde fois. Il est exilé sur l’île de Sainte-Hélène, où il vit ses dernières années jusqu’à sa mort en 1821.

Mon Dieu, à Waterloo, Napoléon s’est rendu (Déjà à Waterloo, Napoléon a dû capituler). – ABBA, Waterloo, 1974

Si cette rencontre fut donc décisive et déterminante, pendant près d’un siècle, dans l’équilibre des forces en Europe, elle fut aussi sanglante. Pourtant, les fouilles archéologiques qui suivirent ne mirent au jour que très peu de restes humains. En 2012, un squelette complet fut découvert lors des sondages précédant la construction d’un parking destiné à accueillir, trois ans plus tard, des visiteurs à l’occasion du bicentenaire de Waterloo. Cette même année, 2015, marqua le début des recherches menées par l’association Waterloo Uncovered. À la ferme de Mont-Saint-Jean en 2022, elle fit sa découverte la plus importante : le deuxième squelette humain complet jamais fouillé sur le champ de bataille.

Alors où sont les restes des soldats ? Dans une étude publiée en 2022, le professeur Tony Pollard, directeur du Centre d’archéologie des champs de bataille de l’université de Glasgow (Écosse), avance une hypothèse. En épluchant les récits, dessins, journaux et témoignages d’individus ayant fréquenté le champ de bataille au cours des semaines et des mois qui ont suivi le conflit, il est parvenu à identifier des fosses communes… où les corps ne sont plus là. Selon son analyse, elles auraient été pillées, les os broyés pour être vendus et utilisés comme engrais. Des coupures de presse font même état de ce trafic.

Des découvertes uniques, révélant des destinées anciennes

« Des articles de presse contemporains suggèrent qu’ils ont été déterrés et broyés pour être utilisés comme engrais ou dans la production de sucre, ce qui rend la découverte de squelettes sur le champ de bataille extrêmement rare et historiquement significative. »Waterloo Uncovered l’a souligné dans un communiqué. Cela n’empêche pas ses membres de les rechercher. Depuis le 3 septembre, son équipe internationale composée de vétérans, de militaires en service, d’archéologues et de bénévoles s’emploie à poursuivre les travaux à Mont-Saint-Jean… confirmant la nature « site incroyablement fascinant ».

Ce sont les mots de Tony Pollard, aujourd’hui directeur archéologique du projet et responsable académique de l’association. « La présence de membres amputés, d’une sépulture humaine complète et des restes de chevaux euthanasiés dans la même tranchée rend le site (…) vraiment uniqueil explique. Trouver des chevaux, abattus d’une balle dans la tête pour mettre fin à leurs souffrances, et des humains enterrés à côté, avec des soins et une séparation visibles dans cette tranchée, est extrêmement rare. Jusqu’à présent, aucun exemplaire de ce type n’a été retrouvé dans les archives archéologiques des (nombreux) champs de bataille des guerres napoléoniennes.

Environ 500 membres du chef de guerre britannique Arthur Wellesley, duc de Wellington, ont été amputés à Mont-Saint-Jean. Sans anesthésie ni antibiotique. Plus de deux siècles plus tard, les spécialistes sont frappés par la netteté des incisions sur leurs membres, laissés dans la fosse – sans doute destinées à débarrasser rapidement l’hôpital des horreurs. On ne sait cependant rien de ces hommes au destin tragique, qui ont subi ces douloureuses opérations chirurgicales.

Dans le sol argileux d’un verger de pommiers, l’équipe a également retrouvé des caisses de munitions en fer blanc, débarrassées de leurs sacs en cuir et abandonnées là, probablement parce qu’elles étaient abîmées. Le squelette complet d’une vache, quant à lui, porte des traces de boucherie, suggérant qu’elle était autrefois utilisée comme nourriture. « Ce que nous avons ici est un instantané de ce qui se passe après la bataille : dépouiller tous les éléments de l’uniforme d’un soldat mort, mettre fin aux souffrances des chevaux blessés, manger et continuer à survivre. »Tony Pollard décrit au Guardian.

Des éléments qui clarifient les récits de la bataille

L’objectif des fouilles découvertes de Waterloo, en plus de soutenir « les vétérans en convalescence et en transition vers la vie civile »est de permettre de fournir « une image plus équilibrée » de la célèbre bataille. Car dans les livres d’histoire, estime le professeur, les récits britanniques ont eu tendance à dominer, aux dépens des autres nations. Par exemple, ils ont longtemps soutenu que les Français n’étaient jamais entrés dans la ferme d’Hougoumont – surnommée le « terrain de la mort » – où 1 200 soldats alliés tentèrent de repousser un nombre bien plus important d’assaillants français, plus de 12 700.

Le succès de la bataille dépend de la fermeture des portes d’Hougoumont (Le succès de la bataille dépendait de la fermeture des portes d’Hougoumont.). – Arthur Wellesley, duc de Wellington

Les travaux archéologiques menés par l’association sur place – la cartographie forensique des balles de plomb notamment – ​​confirment la férocité des combats dans cette « bataille dans la bataille ». Mais les fouilles suggèrent aussi que les soldats de Napoléon auraient pu pénétrer dans Hougoumont. « Nous avons des preuves de combats rapprochés, de fusillades à l’intérieur, donc les Français ont effectivement percé le mur, mais probablement en très petit nombre. Ils ont probablement été tués assez rapidement. »Tony Pollard l’a dit à nos confrères. Les fouilles se poursuivent.



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Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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