CC’était prévisible, voire certain : la non-censure du gouvernement par les socialistes jeudi a provoqué la rupture avec LFI. Et celui-ci est clair. Ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon, invité du Grand Jury sur RTL, a été clair : « Le Parti socialiste n’est plus partenaire. » A ses yeux donc, la renégociation de la réforme des retraites confiée aux partenaires sociaux par François Bayrou, suite à ses discussions avec le PS, ne compte pas. Pas plus que le renoncement à la suppression de 4 000 postes dans l’enseignement, à la création de 2 000 postes d’assistants pédagogiques pour les étudiants handicapés, ou encore à l’ajout d’un milliard d’euros pour l’hôpital. Ce sont pourtant ces concessions qui ont convaincu le PS de ne pas voter la censure, en attendant l’épreuve budgétaire.
Il est cependant difficile de ne pas interpréter sa contre-attaque comme une réaction instinctive à cette autonomisation des socialistes. Les Insoumis l’assument : le PS a trahi le NFP, cette alliance signée dans la foulée de la dissolution et qui accueille aussi écologistes et communistes.
Méfiance
Pourtant, si le NFP a montré, en juillet dernier, toute sa pertinence électorale, en envoyant 192 députés à l’Assemblée, il n’est pas un havre de paix ni d’harmonie. En cela, il est le digne héritier du Nupes, qui rassemblait déjà LFI, écologistes, PS et communistes. Dès son apparition, la méfiance a dominé leurs relations. A peine installée à l’Assemblée, Jean-Luc Mélenchon tente d’imposer un groupe unique pour absorber ses alliés. La ficelle était épaisse et tout le monde refusait.
« Nous ne sommes pas moins le PFN que lui »
Il faut aussi se souvenir de la campagne européenne de 2024 où chacun a suivi son chemin, exposant au grand jour ses désaccords. Les écologistes, socialistes et communistes ont même refusé la main tendue des Insoumis et leur proposition de leur confier la tête de liste unique.
« Délire stérile »
Preuve de l’intensité du ressentiment au travail, Jean-Luc Mélenchon a assuré dimanche à son ex-allié socialiste que : « Il y aura des candidats de gauche perturbateurs dans toutes les circonscriptions. » S’il y a une nouvelle dissolution, les candidats PS, surtout ceux qui n’ont pas voté la censure, ne seront pas épargnés. Du côté socialiste, on regarde en revanche la situation avec « sérénité » : « Mélenchon souhaitait depuis longtemps la fin du NFP. Il ne se préoccupe que de l’élection présidentielle et de son propre destin, le reste ne lui importe pas », a réagi ce dimanche soir auprès de « Sud Ouest », un cadre PS.
« Dans cette histoire, poursuit-il, nous nous sommes mis au service des Français pour leur épargner le plus de souffrance possible. » Et de répondre à Jean-Luc Mélenchon : « Nous ne sommes pas moins le PFN que lui, cela fait des semaines qu’il menace tout le monde d’excommunication. Je veux croire que nous mènerons tous d’autres combats à gauche plus utiles que ces discours stériles. On pensait que les Nupes étaient morts, il y avait le NFP, demain c’est un autre jour… » Encore un jour sans les Insoumis.