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Mélancolie, La Cité des Ténèbres, Le Roman de Jim… Les films à voir cette semaine

Une femme confrontée à la mort soudaine de son amant, une plongée au cœur des gangs de Hong Kong, la difficulté d’être père… La sélection cinéma de Figaro

La Cité des Ténèbres – Avoir

Action de Soi Cheang, 2h05

Prolifique et aguerri, le cinéaste hongkongais Soi Cheang est longtemps resté dans l’ombre de ses illustres compatriotes. Dans les années 1990, Tsui Hark, John Woo et Johnnie To ont élevé le thriller au rang d’œuvre d’art et Hollywood s’est empressé de recruter les deux premiers pour redonner un coup de fouet à son cinéma d’action moribond. Il faut dire que Soi Cheang est arrivé un peu trop tard, au début des années 2000. La Cité des TénèbresLe film, qui sort en salles ce mercredi, a reçu les honneurs d’être sélectionné hors compétition au dernier Festival de Cannes, programmé en séance de minuit, à l’heure où tout est permis. Et les coups pleuvent dès la première séquence, où Chan Lok-kwan livre un combat clandestin pour obtenir des papiers. Trahi par Mr. Big, un chef de Triade aussi puissant que caractériel, le migrant trouve refuge à Kowloon, où règne Cyclone, une légende des bas-fonds, un autocrate bienveillant qui protège les plus pauvres et veille à ce que chacun reçoive sa ration de riz au porc grillé – la spécialité du ghetto. On ne se risquera pas à résumer la suite de l’intrigue, riche en trahisons, extravagances et rebondissements improbables. L’essentiel est ailleurs. Elle se déroule dans le kung-fu, fondu dans des chorégraphies spectaculaires filmées dans une citadelle labyrinthique. Pas de psychologie mais un ballet de corps en mouvement. ES

Le roman de Jim – Nous pouvons voir

Comédie dramatique d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, 1h41

Depuis vingt-cinq ans, Arnaud et Jean-Marie Larrieu filment le monde avec un mélange de fantaisie et d’inquiétude. Disparates dans leurs formes, leurs œuvres font souvent la part belle au désir et à ses conséquences. Les quinquagénaires ont lu Le roman de JimTitre trompeur puisqu’il s’agit du roman de Pierric Bailly, écrivain réaliste à mi-chemin entre Olivier Adam, moins plaintif, et Nicolas Mathieu, moins charnel. Les frères, natifs de Lourdes, ont trouvé une matière qui leur convenait : un paysage de montagne, le Haut-Jura, et le portrait d’un homme amoureux, gentil, anticonformiste à sa manière, presque sans le vouloir et sans le savoir. Difficile de parler d’Aymeric (Karim Leklou) comme d’un homme déconstruit. Il aurait fallu quand même qu’il soit un peu  » construit « Il habite à Saint-Claude. Il se retrouve mêlé au cambriolage d’une maison, se fait prendre mais ne dénonce pas ses complices. A sa sortie de prison, il croise Florence, une ancienne collègue enceinte jusqu’au cou (Lætitia Dosch), une célibataire joyeuse. Le père de l’enfant est marié, elle envisage de l’élever seule. Aymeric est un père de substitution idéal. Jim grandit, joue au foot, semble heureux. Il a 10 ans lorsque Christophe, son père biologique (le chanteur Bertrand Belin) apparaît après la mort de sa femme et de ses enfants dans un accident de voiture. « triple » (le trio) est à la mode. Petit à petit, Aymeric est mis à l’écart. Il regarde, impuissant, Florence, sa « Jules et Jim » à Montréal. Il est triste mais retombe amoureux d’Olivia (Sara Giraudeau), une enseignante qui aime danser le samedi soir sur de la musique électro. Elle débarque le week-end et pour les fêtes dans la maison qu’il rénove avec ses amis. Quand Jim, devenu adulte, revient sonner à la porte et réclamer des explications, Aymeric est pris aux tripes. On sent le temps qui passe, le poids des regrets et des mensonges. Et la difficulté d’être père, biologique ou non. ES

Mélancolie – Nous pouvons voir

Drame de Takuya Kato, 1h24

C’était son amant : il est mort sous ses yeux, renversé par une voiture. Watako a appelé les secours, mais a raccroché avant de pouvoir dire où l’accident s’était produit. Devait-elle le dire à son mari ? Mélancolie C’est l’histoire de ce silence. Les ménagères ont le droit d’avoir leur âme. Au Japon comme ailleurs, il ne leur est pas interdit d’aller chercher à l’extérieur un peu de cette chaleur qu’un mari homme d’affaires n’est plus en mesure de leur apporter. Madame Bovary ne connaît pas de frontières. Les époux légitimes s’offrent des cadeaux dans la cuisine. La belle-mère s’inquiète. Pourquoi n’ont-ils pas d’enfants ? Le mari se demande s’il ne va pas vendre leur appartement pour acheter une maison. Watako traverse l’image comme une ombre. Elle n’a pas assisté à l’enterrement. Des flashbacks illustrent ses remords qui n’en sont pas vraiment. Recadrer sa vie n’est pas chose aisée. Il y a ici une infinie délicatesse, qui confine à la froideur sans jamais y succomber. L’héroïne vaguement déprimée est comme ça aussi. La voilà qui se rend sur la tombe du défunt. Elle va y rencontrer quelqu’un. Il y a du suspense là-dedans. C’est de bonne facture. Qui a trompé qui en premier ? Dans ce deuxième long métrage, Takuya Kato, metteur en scène de théâtre, suit les traces de cette femme mariée et déconnectée de la réalité. Il traduit son trouble intime avec une discrétion toute japonaise. DANS.

Alien: Romulus – Pour éviter

Horreur de Fede Alvarez, 1h59

Alien est désormais une pièce de musée. Une copie de la créature de Giger est visible dans la très belle exposition L’art de James Cameron à la Cinémathèque française. A Perpignan, la créature est à l’honneur, comme son géniteur suisse, dans le cadre d’une belle rétrospective intitulée HR Giger, surréaliste noir . Au cinéma, la pauvre bête est de plus en plus maltraitée. Depuis le chef-d’œuvre de Ridley Scott en 1979, Alien, le huitième passageret une suite de Cameron digne d’intérêt, le xénomorphe (son petit nom scientifique) a écrasé plusieurs réalisateurs (David Fincher, Jean-Pierre Jeunet), avant de devenir une franchise banale et triste à pleurer – on ne parle même pas du ridicule Alien contre PredatorRidley Scott lui-même a contribué à rendre inoffensif l’un des monstres les plus terrifiants du cinéma en tournant les deux derniers épisodes (Prométhée et Alien : Covenant) comme conduire une voiturette de golf.

Scott est le producteur de ce nouvel opus, Alien: Romulusavec le vétéran Walter Hill. Ils confient le bébé à Fede Alvarez, noté avec Ne respire pasun drame intelligent à huis clos avec trois cambrioleurs piégés dans une maison par son occupant, un ancien soldat aveugle mais coriace. Sauf qu’Alvarez a également tourné un remake inutile demal mort. En fait, Alien: Romulus est une reprise sans âme et sans génie du film inaugural de Scott. Rain, sa jeune héroïne, a le charisme d’une huître, bien loin de l’irremplaçable Ripley de Sigourney Weaver. Elle et ses compagnons, transparents eux aussi, en voulant fuir la colonie minière qui les maintient en esclavage, subissent le même sort que les passagers du Nostromo. Là où Scott jouait sur le hors-champ et l’invisible, Alvarez préfère surenchérir. Plus de bestioles, plus d’armes, plus de « face huggers » (l’alien collé au visage), plus de parturitions (par césarienne ou non). Plus de moyens pour moins d’effets de surprise. L’abus de clins d’œil confine à la dislocation des paupières. Quand Alvarez tente quelque chose de nouveau, comme l’espèce finale de troll, c’est pire. L’hommage s’avère être une version Millennial complètement superflue. Alien, le huitième passager à un adolescent reste aujourd’hui le meilleur moyen de lui donner des cauchemars. ES

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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