Mediapart dément détenir une liste des auteurs de violences sexuelles

Mediapart dément détenir une liste de personnalités du cinéma accusées de violences sexuelles. Une rumeur persistante disait que les médias s’apprêtaient à le révéler en marge du Festival de Cannes qui s’ouvre ce mardi 14 mai.

Le Festival de Cannes, comme le site d’investigation Mediapart, ont répondu aux rumeurs d’une liste présumée d’auteurs de violences sexuelles planant sur le cinéma français, forgées sur les réseaux sociaux et relayées par les médias. L’écho donné à cette « liste » d’auteurs présumés de violences sexuelles menaçait de devenir le sujet de cette 77e édition, qui débute ce mardi 14 mai.

Mediapart, qui joue depuis plusieurs années un rôle central pour libérer la parole sur les violences sexuelles, a clairement démenti lundi 13 mai détenir une « liste » d’auteurs présumés d’agressions appartenant à l’industrie du cinéma. Et a dénoncé « le spectacle médiatique pathétique » donné par ceux qui lui ont attribué du crédit.

« Depuis plusieurs jours, nous assistons, abasourdis, au parcours fou d’une soi-disant ‘liste’, voire ‘liste noire’ des auteurs de violences sexistes et sexuelles que Mediapart s’apprête à dévoiler en ouverture du Festival. de Cannes », déplore le site d’information.

« Une rumeur émanant d’un compte complotiste »

« C’est évidemment faux », poursuit Mediapart, qui insiste sur son travail d’enquête et de croisement de sources. Il dénonce « une rumeur émanant d’un compte complotiste, reprise sur les réseaux sociaux, alimentée par plusieurs médias et aboutissant au journal télévisé du matin ».

Au final, « la rumeur (…) offre une échappatoire à ceux qui ne veulent pas entendre Judith Godrèche, Adèle Haenel, Isild Le Besco et tant d’autres », dénonce le média, citant ces actrices qui ont toutes pris la parole. pour dénoncer les violences sexuelles. « Qui refusent de bousculer leurs certitudes, de questionner le cinéma, la place de l’image et de l’art dans nos représentations et la reproduction des rapports de domination et de pouvoir ».

Thierry Frémaux prend la parole

Le délégué général du festival Thierry Frémaux a également balayé ces rumeurs : « Il n’y a pas de polémiques venant du festival », a assuré celui qui avait été critiqué l’année dernière pour avoir salué le grand retour de Johnny Depp, après son retentissant procès contre son ex. -épouse Amber Heard sur fond d’accusations de violences conjugales.

« Nous avons justement veillé à ce que l’intérêt majeur de ce pour quoi nous sommes tous ici reste le cinéma », a insisté l’homme fort du Festival. « Comme il n’y a pas de polémiques, on les invente ou on les amplifie », a-t-il déploré.

#MeToo présent

La question des violences sexuelles au cinéma sera malgré tout au centre de cette édition du Festival de Cannes. Judith Godrèche sera présente mercredi 15 mai; l’actrice, qui a accusé de viol deux figures du cinéma d’auteur, Benoît Jacquot et Jacques Doillon, présentera un court métrage. « Me Too » est réalisé avec un millier de victimes de violences sexuelles qui ont répondu à son appel.

Par ailleurs, l’actrice Camille Cottin, maîtresse de cérémonie, a annoncé des « discours de personnalités fortes et puissantes » au sujet des violences sexuelles.

Par ailleurs, lundi soir, à la veille de l’ouverture du festivalneuf femmes, pour la plupart anonymes, ont pris la parole dans le magazine Elle pour accuser Alain Sarde, un important producteur de cinéma français, de les avoir violées ou agressées sexuellement alors qu’elles étaient mineures ou de jeunes actrices.