Le paracycliste de 36 ans a remporté l’argent au contre-la-montre sur piste, le jeudi 29 août.
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Cette fois, Marie Patouillet n’a pas illuminé le vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines avec un arc-en-ciel capillaire. Trois ans après avoir remporté trois médailles mondiales au vélodrome national, les cheveux teints en soutien à la communauté LGBT+, la paracycliste a brillé différemment sur cette piste qu’elle connaît par cœur en décrochant l’argent paralympique au contre-la-montre sur piste.
Un nouveau jour de gloire pour celle qui collectionne les médailles depuis ses débuts en paracyclisme, en 2019, deux ans après avoir découvert le cyclisme. Car c’est en 2017 que la vice-championne paralympique sur piste s’est passionnée pour la petite Reine en participant à l’étape du Tour (course amateur organisée en parallèle du Tour de France), au bout de 9h23 d’effort.
Née avec une malformation du pied et de la cheville gauches, Marie Patouillet a attendu ses 28 ans pour se lancer dans le paracyclisme, sur piste comme sur route. Entraînée par Grégory Baugé (neuf fois champion du monde sur piste), qu’elle a chaleureusement remercié à l’arrivée, la Française a ensuite enchaîné les étapes, récoltant rapidement des médailles internationales.
Double médaillée de bronze à Tokyo (poursuite individuelle sur piste et course en ligne C5), Marie Patouillet est devenue en quelques saisons l’une des références internationales de la discipline : quadruple vice-championne du monde du contre-la-montre sur piste, championne du monde du scratch et de l’omnium (2024) et championne du monde sur route en 2022.
Ce statut de gloire paralympique n’était pourtant pas le rêve de cette pianiste et photographe amateur, dont l’existence a toujours été rythmée par la médecine. Engagé à 18 ans au service de santé de la marine à Bordeaux, puis devenu médecin militaire et capitaine dans l’armée française après dix ans dans l’armée, Marie Patouillet est retournée à la vie civile après l’aggravation de sa maladie.
Devenue médecin généraliste, l’interne de l’Insep a ensuite mis sa carrière entre parenthèses en prévision des Jeux de Paris. Membre de l’Armée des Champions depuis 2020, cette passionnée de Lego a ainsi pu préparer méthodiquement les Jeux en se consacrant uniquement à sa discipline.
« Il n’était pas question de faire les Jeux de Paris sans être le plus compétitif possible, l’objectif est atteint. Maintenant il faut passer à autre chose, ça va être une autre course avec ce public, c’est incroyable »a savouré la Francilienne à l’issue des qualifications, qui a terminé à la troisième place provisoire.
« Je suis vraiment contente et fière d’ouvrir le bal, j’étais inquiète de tout ce public car on n’est pas habitué à ça en para, mais c’est incroyable. »
Marie Patouilletà franceinfo : sport
Devenue égérie de Dior en amont de ces Jeux, portant la flamme sur le tapis rouge à Cannes et élue sportive de l’année par le magazine Têtu En 2023, Marie Patouillet s’est peu à peu habituée à être sous le feu des projecteurs. Un nouveau statut dont l’athlète se sert notamment pour défendre les droits des minorités.
« Il faut prendre la parole, rendre visibles au maximum les sportifs de la communauté LGBT+, la diversité qui existe. Ce qui est triste, c’est qu’on voit qu’il y a un grand nombre de sportifs qui sont dehors dans leur vie personnelle, mais qui ne le sont pas dans leur sport. »elle a expliqué à Chaten octobre 2023.
Un activisme que la femme française mène par des actes, plus que par des paroles, pour éviter « l’hystérisation du débat et l’exclusion » Et « garder un certain calme ».
« Nous allons mettre l’accent sur l’inclusion du handicap – ce qui est vrai – mais nous allons oublier de parler du racisme, du sexisme, de l’homophobie. »
Marie Patouilletà Causette
« C’est pourquoi il est important pour moi de m’exprimer, en tant qu’athlète paralympique, sur une autre forme de discrimination que celle du handicap », a ajouté celui qui estdésormais paré de l’argent olympique, avant de viser un métal encore plus beau dans les prochains jours sur la piste et sur la route.