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« Mauvais moment » pour l’ONU qui lutte pour faire taire les armes

Dans un monde ravagé par les conflits et les divisions, l’ONU peine à taper du poing sur la table pour faire taire les armes, mais cet échec n’est pas le sien seul, disent les experts, qui parlent d’un bouc émissaire irremplaçable.

Selon la Charte des Nations Unies, l’un des trois  » objectifs «  de l’organisation créée sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale est « maintenir la paix et la sécurité internationales »en prenant des mesures « efficace » pour la paix et « réprimer tous les actes d’agression ».

Mais à la lumière des guerres en Ukraine, à Gaza et au Soudan, les critiques affluent sur son inefficacité.

« Il est évident que nous n’avons pas la paix et la sécurité dans le monde »Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, l’a admis à l’AFP. « Il est également évident que ce n’est pas à cause de l’ONU en tant qu’institution, mais à cause des États membres. »il se défend.

Et en premier lieu les membres permanents d’un Conseil de sécurité largement paralysé sur l’Ukraine et Gaza à cause du veto russe et américain.

En raison des divisions entre les membres permanents (États-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie), le Conseil subit une « érosion » de sa « légitimité » et son « pertinence »déplore l’ambassadeur slovène Samuel Zbogar, dont le pays est membre élu de cet organe clé depuis janvier.

Il va même jusqu’à dénoncer une « atmosphère empoisonnée »soulignant les invectives entre Russes et Américains.

Mais cette situation n’est pas nouvelle. « L’ONU n’a jamais été capable d’arrêter les conflits impliquant les grandes puissances »comme l’invasion américaine de l’Irak ou la guerre du Vietnam, souligne Richard Gowan de l’International Crisis Group, accusant ces pays de « Se cacher derrière l’ONU », « bouc émissaire très facile ».

« Conflits évités »

Malgré tout, « Il est toujours préférable de voir les États-Unis et la Russie se battre au Conseil de sécurité à propos de la Syrie plutôt que de mener une guerre sur le terrain en Syrie »il souligne.

« Ce que nous ne voyons pas, ce sont les conflits qui sont évités, les guerres qui n’ont pas lieu. »commente Oona Hathaway, professeur de droit international à l’Université Yale, appelant également le reste des 193 membres à prendre leurs responsabilités au sein de l’Assemblée générale.

Bien que ses résolutions ne soient pas contraignantes, « Dire ce qui est bien ou mal fait une grande différence »elle croit, jugeant que l’Assemblée a plus de pouvoir qu’elle ne le croit et pourrait, par exemple, créer un « Un tribunal doit juger le crime d’agression de la Russie contre l’Ukraine ».

Des études montrent également l’importance des soldats de la paix – dont plus de 70 000 sont actuellement déployés dans le monde – notamment pour protéger les civils.

Cela n’empêche pas les campagnes de dénigrement contre ces missions de maintien de la paix qui sont parfois contraintes de plier bagage et de partir, à l’image du départ précipité du Mali en 2023 à la demande de la junte.

« Pas d’électricité, pas d’argent »

« Il y a beaucoup de haine contre l’ONU, mais c’est en réalité le meilleur système multilatéral que nous ayons »juge Gissou Nia, du think tank Atlantic Council, qui ne croit pas une seconde qu’une telle organisation aurait pu voir le jour dans le contexte géopolitique actuel.

« L’ONU est dans une très mauvaise situation, mais nous n’avons aucun intérêt à la fermer. »estime également Jean-Marie Guéhenno, ancien chef des opérations de maintien de la paix, assurant que les Etats savent bien que l’organisation n’est pas « non remplaçable ».

« Alors ils se plaignent, ils disent que l’ONU ne sert plus à rien, mais en même temps ils se disent qu’elle reste une instance, et une référence. Une référence bafouée, insultée, en crise grave, mais avec l’espoir qu’il y aura des temps meilleurs. »il a dit.

Quant à Antonio Guterres, il souligne le rôle humanitaire « plus important que jamais » Les agences des Nations Unies qui « sauver des gens dans des conditions dramatiques ».

Selon lui, « Le Secrétaire général des Nations Unies a un pouvoir très limité ». « Pas d’électricité et pas d’argent ». Mais un « une voix que personne ne fera taire ».

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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