Ils étaient dix, comme dans le célèbre livre d’Agatha Christie. A l’issue d’un procès spectaculaire mené par l’écrivain Gilles del Pappas, président de ce tribunal littéraire, dix auteurs de romans policiers ont écouté les réquisitions du procureur général et les plaidoiries de leurs avocats commis d’office.
Leur crime ? Avoir écrit des livres à vocation sociale et politique, malgré la diversité des genres et des écritures, de la fantasy au roman historique. Le jury, composé de lecteurs de L’Humanité, a choisi, après une brève délibération, de récompenser « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans » (M+ éditions, 2024) du Marseillais Maurice Gouiran.
A travers l’histoire d’un jeune émigré polonais accusé en 1961 de crimes qu’il n’a pas commis, l’auteur dit avoir voulu « s’affranchir du roman national » et, comme il l’a rappelé au public du village du livre, « écrire pour le peuple ». Comme au Festival de Cannes, le jury a souhaité décerner un prix spécial pour mettre en lumière l’œuvre singulière de Nicolas Jaillet, auteur de La Maison (Bragelonne, 2016), recueil brillamment défendu par Maître Charlotte Cambon qui en a profité pour rappeler l’importance des avocats commis d’office et la qualité de leur défense pour raconter l’histoire de la France. « vieux gros criminels blancs » qu’ils ne peuvent pas demander autant d’argent. Le prix de la plaidoirie revient à Maître Alban Richeboeuf pour sa défense du roman de Gérard Streiff, le double.
Un concours d’éloquence
Créé en 2008 à Marseille par Gilles del Pappas avec des associations de quartier, ce prix du polar original et spectaculaire est décerné pour la première fois à la Fête de l’Humanité. Avec Magali Busseuil, militante et lectrice, il a sélectionné les œuvres et recruté le jury « par la presse » avec l’Humanité.
Léa Talrich, secrétaire générale du Syndicat des avocats de France (SAF), a constaté les avocats : « C’est un concours d’éloquence. Je voulais que les différents domaines d’exercice soient représentés : des avocats pénalistes, des avocats du travail, un publiciste… Ils viennent de toute la France avec une diversité générationnelle à l’image du syndicat. Je regrette seulement de ne pas avoir atteint la parité alors que le SAF est à 80% féminin. ».
Pour retrouver le procureur général, responsable des mises en examen, la SAF s’est rapprochée du Syndicat des magistrats avec un souci commun de promouvoir la lecture : « Le procureur, dont le rôle est essentiel, très politique, a lu les dix livres. Nous représentons le procès avec une volonté de le vulgariser. » L’idée de déplacer le prix du polar à la Fête de l’Humanité est née il y a moins d’un an, à la terrasse d’un bar de Marseille : « Nous n’aurions jamais imaginé que nous organiserions cela dans cet espace du Village du Livre. Tout était très simple. »À l’année prochaine.
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