Matthieu Lartot explique comment la production de Fort Boyard a dû s’adapter à son handicap
Cinquième et dernière soirée de Fort Boyard avant les JO de Paris 2024. L’emblématique jeu télévisé de France 2 a offert cette semaine une double dose de ses aventures dans les cellules interdites, avec un épisode proposé le jeudi 18 juillet. Ce samedi 20 juillet, c’est une équipe très sportive qui est présente dans l’antre du père Fouras. Emmenés par Matthieu Lartot, sept journalistes et sportifs désormais consultants (Brahim Asloum, Jérôme Fernandez, Vincent Clerc, Emilie Andeol, Sarah Ourahmoune, Jean-Baptiste Marteau) se sont mesurés dans les épreuves du Fort. Le capitaine de l’équipe et présentateur de Étape 2 a accepté de revenir avec nous sur cette première expérience dans la forteresse : un salon important pour lui car les bénéfices générés seront reversés à l’association qu’il vient de lancer Debout en bout.
« Cela aurait endommagé mon équipement » :pourquoi Matthieu Lartot n’a-t-il pas pu participer à certains événements ? Fort Boyard ?
Télé-Loisirs :Comment s’est déroulée cette première participation à Fort Boyard ?
Matthieu Lartot : Je dois d’abord remercier la production de l’émission carÉvidemment avec mon handicap, je ne pouvais pas faire beaucoup d’événements Ils m’ont donc fait un programme sur mesure. C’était très agréable pour moi, d’autant plus que j’étais avec des sportifs de haut niveau, donc je savais qu’ils rempliraient leur mission avec brio. J’ai essayé d’être un bon capitaine, d’être là pour motiver les troupes et puis d’essayer de temps en temps d’aller chercher une clé ou un indice.
Aviez-vous fait des demandes en amont concernant votre handicap ?
Je n’ai pas fait de demandes particulières, mais je connaissais des gens de la production et ils faisaient les choses bien. Au moment du tournage, je n’avais pas de prothèse étanche, donc je n’ai pas pu faire les tests au contact de l’eau. Cependant, pour l’une de celles qu’ils m’avaient réservées, je me suis retrouvée dans l’eau : Cela ne se voit pas sur la photo, mais Ils ont entièrement rapiécé mes fesses, avec un imperméable scotché à ma taille. L’eau ne doit pas toucher la prothèse car cela aurait endommagé mon équipement.
Avez-vous le sentiment d’avoir été épargné ?
Je n’ai pas été épargné et je ne me suis pas épargnée ! Ma prothèse a une application qui m’a permis de savoir que ce jour-là, j’ai monté plus de 500 marches. Après, il y a des choses qui sont strictement impossibles pour quelqu’un avec un handicap comme le mien.
Matthieu Lartot évoque le rythme très effréné du tournage Fort Boyard
Quels souvenirs gardez-vous de cette aventure ?
J’ai un très bon souvenir d’une journée avec une équipe de grands champions. Nous étions dans un show très particulier et difficile car à chaque épreuve, il fallait non seulement gagner, mais battre le record historique du Fort.
Avant d’arriver, aviez-vous des appréhensions particulières ?
J’attendais cela avec impatience car je travaille à France Télévisions depuis 24 ans et je n’avais jamais participé à Fort Boyard. J’ai beaucoup de collègues et d’amis sportifs qui l’ont fait et m’en ont parlé, donc ça m’a fait plaisir ! J’étais un peu inquiet parce que Je suis assez claustrophobe et j’avais très peur de me retrouver dans une épreuve enfermée dans une cabine. En participant, on sait qu’il va falloir se forcer et essayer de se dépasser, d’aller au-delà de ses limites. Mais comme cela fait partie de mon état d’esprit, en règle générale, cela me convenait bien.
« J’ai complètement merdé ! » : Matthieu Lartot n’a pas dit toute la vérité à la production de Fort Boyard 2024
Avez-vous un peu « triché » en remplissant le questionnaire avant de participer ?
J’ai complètement foiré en répondant le contraire de ce qu’on me demandait ! On m’avait prévenu. On m’avait dit : « Vous verrez, ils vous donneront un questionnaire où vous direz ce que vous aimeriez et ce que vous n’aimeriez pas. ». Même si j’ai répondu exactement le contraire, ils m’ont quand même réservé le test de Willy Rovelli. (la dégustation, ndlr), ce qui était l’une de celles que je ne voulais pas faire.
Avant votre amputation, auriez-vous pu participer à Fort Boyard ?
J’aurais pu, mais ça aurait été extrêmement compliqué. Au moment du tournage, mon problème était que je n’avais pas ma prothèse définitive, qui n’était pas étanche. C’était un vrai facteur limitant car aujourd’hui, j’ai une deuxième prothèse appelée « prothèse à eau » qui m’aurait permis de faire certains tests. Mais ce spectacle demande des efforts très intenses. On arrive au Fort très tôt le matin pour le spectacle principal et on reste jusqu’au soir car on tourne la deuxième partie de soirée avec Willy Rovelli. On arrive à l’hôtel vers 23h/minuit, donc C’est presque 24 heures de tournage. C’est quand même très physique, surtout pour quelqu’un comme moi. Le vrai handicap pour moi se mesure vraiment dans les escaliers, dans ces phases de transition qui sont très nombreuses. Et c’est ce qui m’a coûté en termes d’effort et d’énergie pour le spectacle.
Justement, nous sommes un peu plus d’un an après votre opération. Quel regard portez-vous sur l’année qui vient de s’écouler ?
Je sors d’une année complètement épanouissante et apaisée puisque j’ai repris quasiment 100% de mon activité professionnelle. (la présentation de Étape 2 et commentaire de rugby, ndlr)ce qui était toujours l’objectif. C’est quelque chose d’assez positif. Dans le suivi de mon cancer, je fais des contrôles tous les trois mois et tous les tests sont bons depuis que j’ai subi une opération et une chimiothérapie. Donc, les nouvelles sont très bonnes depuis un an. Au niveau de ma mobilité, ça va de mieux en mieux. On entre dans la période des Jeux Olympiques et des Jeux Paralympiques. Je vais pouvoir remplir pleinement mon rôle, comme avant, et c’était vraiment ma priorité dans cette année de reconstruction.