Mathilde Larrère : « Tous nos droits ont été l’objet de conquêtes et de luttes »
Des droits naturels inspirés des Lumières aux droits des minorités LGBTQIA+, en passant par les droits politiques et sociaux, les mouvements populaires ne cessent de lutter depuis plus de deux siècles pour que toujours plus de personnes puissent acquérir toujours plus de dignité et de reconnaissance, pour que les torts qui leur sont infligés soient toujours davantage réparés.
L’historienne Mathilde Larrère retrace le fil et les convergences de ces luttes pour les droits, en soulignant les mobilisations comme sources d’espoir partagé. Pour les progressistes, il s’agit toujours de conquérir de nouveaux droits sans renoncer aux précédents. Inventer de nouvelles formes de droit pour l’avenir afin de protéger la Terre et les rivières n’empêchera en rien de veiller au maintien du droit à une retraite digne.
En quoi l’histoire des droits que retrace votre dernier ouvrage est-elle « une histoire populaire » ?
Il me semble important de rappeler que tous nos droits ont été l’objet de conquêtes, de luttes, pour les « gagner », souvent ensuite pour les « conserver ». C’est pourquoi je préfère, comme d’autres, le mot de « conquis » d’Ambroise Croizat plutôt que celui d’« acquis » social, pour insister sur cette dimension conflictuelle et victorieuse.
Il m’a semblé important de le faire car ces luttes ont tendance à s’effacer des mémoires, ne laissant que l’évocation de droits que l’on attribue souvent à tort à l’étape finale de leur proclamation, lorsqu’un ministre, un chef d’État, appose son nom sur la loi qui les consacre.
On entend aussi dire que « de Gaulle a donné le droit de vote aux femmes », ou qu’il a « créé la Sécurité sociale », alors que, dans les deux cas, il s’est agi de longues batailles pour les obtenir et les mettre en pratique.
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