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Masoud Pezeshkian, le candidat réformateur qui veut sortir le pays de l’isolement

Affiches de campagne du candidat présidentiel iranien Masoud Pezeshkian à Téhéran le 4 juillet 2024.

Le réformateur Massoud Pezeshkian a le langage doux. Il s’exprime avec des mots simples et modestes. Ses partisans comptent beaucoup sur ce trait de caractère pour séduire les électeurs au second tour de l’élection présidentielle, qui se tiendra vendredi 5 juillet, une semaine après le premier tour, organisé à la hâte après la mort de l’ancien président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai.

Masoud Pezeshkian, médecin de profession, est arrivé en tête le 28 juin avec 42,5 % des voix, contre 38,6 % pour son rival, l’ultraconservateur Saïd Jalili. Le scrutin a surtout été marqué par son taux d’abstention : environ 60 %, un record dans l’histoire de la République islamique d’Iran. Et pour cause : beaucoup considèrent que le président a peu de poids par rapport au Guide suprême, Ali Khamenei.

Agé de 70 ans, Masoud Pezeshkian a été ministre de la Santé sous le second mandat de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami, entre 2001 et 2005. Une position qu’il met volontiers en avant face à son adversaire qui n’a jamais occupé de poste important au sein de l’Etat. Originaire de la ville kurde de Mahabad (nord-est du pays), il maîtrise les dialectes kurde et azéri. Dans les provinces habitées par ces deux minorités, il a d’ailleurs largement devancé son adversaire au premier tour.

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Un homme du cercle intime, spécialiste en chirurgie générale et en chirurgie cardiaque, Masoud Pezeshkian s’est particulièrement illustré par sa défense des opposants. Ainsi, en 2009, alors qu’il était député, il avait osé critiquer, au sein du Parlement, la répression des Iraniens descendus dans la rue contre la réélection jugée « frauduleux » de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Considérées comme une insulte à Ali Khamenei qui avait appelé à l’époque à une répression féroce des manifestations, les déclarations de Masoud Pezeshkian lui avaient valu les foudres du camp conservateur. « Vous n’êtes pas juste. Vous devez également condamner ceux qui n’acceptent pas le résultat des élections. »a déclaré le chef du Parlement de l’époque, le conservateur Gholam-Ali Haddad Adel.

Masoud Pezeshkian sort de sa réserve

Aujourd’hui encore, Masoud Pezeshkian tente de jouer sur une image de « modéré » pour séduire les Iraniens des grandes villes, appartenant à la classe moyenne, appauvrie en raison des politiques d’austérité des gouvernements successifs, des sanctions internationales et de la corruption endémique. Il espère aussi attirer les femmes et la génération Z qui semblent représenter une grande partie des abstentionnistes, même si aucun sondage n’a été publié pour l’appuyer. Ces deux groupes ont été profondément marqués par la répression qui a frappé le mouvement de contestation, né suite à la mort de Mahsa (Jina) Amini en septembre 2022, après son arrestation par la police des mœurs pour des vêtements jugés « insuffisamment islamique ».

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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