C’était ce mardi, devant la représentation nationale. Michel Barnier prononce son discours de politique générale, et évoque rapidement ce qu’il présente comme un changement de méthode pour répondre à la situation critique à l’étranger, notamment en matière de coût de la vie.
15 ans après un premier grand mouvement contre Pwofitasyon, mené entre autres par le LKP d’Elie Domota en Guadeloupe, les mêmes causes produisent les mêmes effets aux Antilles.
Depuis le 1er septembre, les Martiniquais sont dans les rues, manifestent et bloquent les centres commerciaux avec pour slogan : « Stop à la vie chère. Stop aux marges abusives. À Fort-de-France, les prix alimentaires sont en moyenne 40 % plus élevés qu’en France métropolitaine. Parfois, les différences de prix dépassent même 100 %.
Pour répondre au mouvement, la collectivité territoriale de Martinique a annoncé la suppression de l’octroi de mer pour trois ans. Une taxe sur les biens importés sur quelque 6 000 produits de première nécessité. Insuffisant pour les locaux et pour le RPPRAC, Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens, qui tente désormais d’étendre la mobilisation en Guadeloupe et en Guyane.
En Martinique, la pauvreté sévit, 27 % des habitants vivent en dessous du seuil de pauvreté et les cas de surendettement ont encore bondi de 18 % depuis janvier. 95 % des terres sont polluées au chlordécone, un pesticide largement utilisé dans les plantations, mais déjà interdit à l’époque en France métropolitaine. Conséquence : le taux de cancer de la prostate est le plus élevé au monde.
Une réalité économique, sociale et environnementale qui alimente un profond sentiment d’injustice… Au point de réveiller la violence d’une partie de la jeunesse de l’île.
Quel mal ronge la Martinique ? Comment lire ces problématiques de vie chère dans un archipel en proie à la pauvreté et à la fuite de sa jeunesse ? Suffira-t-il de supprimer l’octroi de mer pour régler le problème, ou faudra-t-il affronter les raisons plus profondes de cette colère ?
A lire pour aller plus loin :
Les informations de Sommet des luttes sociales et environnementales outre-merorganisé par le CLSE au Cese du 4 au 6 octobre 2024.
Le coût de la vie à l’étranger, un problème de longue date jamais résolu, article du Monde.
Martinique : des CRS déployés pour la première fois depuis 1959 et les émeutes du « décembre noir », Article de Libération.
« Le « système d’outre-mer » génère une invivabilité qui, malgré de fréquentes convulsions, continue de perdurer »chronique de Patrick Chamoiseau, écrivain, publiée dans Le Monde.