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Marine Tondelier critique le projet de mégabassin dans le Puy-de-Dôme

Le secrétaire national des Écologistes dénonce le projet du mégabassin de Billom (Puy-de-Dôme). Elle sera présente à la manifestation organisée samedi par un collectif écologiste de la région.

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Marine Tondelier, secrétaire nationale du parti Écologistes-EELV, le 20 février 2024 à Bourges (Cher).  (GUILLAUME SOUVANT / AFP)

Le secrétaire national des Écologistes-EELV se rend à la mobilisation organisée samedi 11 mai à Billom, dans le Puy-de-Dôme, pour contester un projet de construction de deux mégabassins. « Nous devons cesser de piller nos ressources en eau, car l’eau prélevée par ces 36 agriculteurs sera moins d’eau pour les plus de 5 000 autres agriculteurs, pour les particuliers »a déclaré Marine Tondelier ce samedi sur franceinfo.

franceinfo : Ce projet est censé irriguer 36 exploitations agricoles, représentant environ 800 hectares. Pourquoi pensez-vous que les arguments des agriculteurs sont irrecevables ? ?

Marine Tondelier : Cela permettra d’irriguer 36 agriculteurs sur plus de 5 000 agriculteurs que compte le département. C’est donc vraiment une infime minorité d’agriculteurs qui bénéficieront de ce projet, des agriculteurs prêts à mettre sur la table 300 000 ou 400 000 euros par exploitation. Ce ne sont pas n’importe quels agriculteurs. En fait, ce projet de bassin est une histoire de monopolisation, c’est une histoire d’agriculture intensive dans cette plaine de Limagne. Ce sont d’anciens marécages qui n’ont jamais manqué d’eau, jusqu’à ce que les haies soient coupées, que l’agriculture s’intensifie et que le nombre d’arbres soit réduit. Ceux qui nous ont amenés jusqu’ici veulent aller encore plus loin, privatiser l’eau dans un méga-bassin. C’est l’équivalent de 46 terrains de football qui seront artificialisés, pour y mettre 2,3 millions de mètres cubes d’eau, soit l’équivalent de 613 piscines olympiques. C’est une eau qui sera monopolisée depuis l’Allier. Cela pose aussi beaucoup de problèmes pour l’écosystème de cette rivière, la migration des saumons, ce n’est pas anodin.

Les nappes phréatiques sont actuellement à un niveau assez élevé dans le Puy-de-Dôme. Quelles solutions apporter aux agriculteurs qui demandent ces bassins ? ?

Cette année, l’eau ne manque pas dans l’ensemble du pays. Ce n’est pas vrai partout, mais c’est le cas en moyenne. Mais si nous étions en 2023 et que ces bassins étaient en activité, nous n’aurions même pas de quoi les remplir. Nous n’aurions même pas pu les remplir à moitié, faute d’eau. L’absurdité est qu’on peut remplir ces bassins alors qu’on a beaucoup d’eau, alors qu’on n’en a pas besoin. Les solutions sont simples : l’agriculture ne peut pas être au-dessus de la nature. Il faut arrêter de piller nos ressources en eau, car l’eau prélevée par ces 36 agriculteurs sera moins d’eau pour les plus de 5 000 autres agriculteurs, pour les particuliers. L’agriculture doit revenir dans les limites planétaires, il faut donc privilégier l’agriculture de subsistance, qui permet de nourrir les Français avec une alimentation de qualité. Il n’y a également aucune ferme biologique ou non conventionnelle dans ces 36 exploitations agricoles qui bénéficieront du bassin.

« Ce qui est produit avec ces bassins, c’est du maïs, même pas pour l’alimentation humaine, même pas pour la France mais pour l’exportation, la spéculation. »

Marine Tondelier

sur franceinfo

Récemment, le gouvernement a annoncé une nouvelle loi agricole avec l’accélération de 100 projets de réservoirs d’eau. Les écologistes n’ont-ils pas perdu la bataille des bassins ? ?

Je ne le pense pas, car lorsqu’on annonce plus de 3 000 personnes dans le Puy-de-Dôme lors de ce long week-end, cela signifie que la mobilisation est bien vivante et que les partenaires de ce combat sont extrêmement nombreux. Je pense que la bataille d’opinion progresse sur le sujet des mégabassins au fur et à mesure qu’on en parle et qu’on en parle grâce à ces mobilisations. Je remercie beaucoup les personnes qui les organisent, c’est extrêmement important pour nous de s’intéresser au projet, car tout est fait pour qu’on ne sache pas que ces projets ne profitent qu’à quelques-uns et sur le dos de tout le monde. autre. Je tiens à souligner que cela se fait avec de l’argent public. Sur les 25 millions d’euros de ce projet, il y a de l’argent de l’Etat, de la Région, de l’Europe et cela ne concerne même pas la moitié des agriculteurs. La question de savoir où placer l’argent public se pose. Quand il est utilisé pour des projets contre la biodiversité et contre nous, c’est quand même compliqué.

Cammile Bussière

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