Quelles sont vos prédictions quant au résultat des élections législatives ?
Je pense que nous aurons la majorité absolue. Les sondages ne sont pas fiables car, il y a deux ans, on nous donnait entre cinq et 40 députés (le RN en a obtenu 89). La dernière fois, c’est la faible participation qui m’a empêché d’être élu dès le premier tour. Cette fois, avec la participation attendue, nous pourrions avoir 10 à 15 élus au premier tour et il pourrait y avoir plus de 300 triangulaires.
Comment voyez-vous une possible cohabitation avec le chef de l’Etat ?
La Constitution est assez claire sur tout. Sur le choix du Premier ministre, le Président a compris qu’il n’avait guère le choix, Jordan Bardella tirant sa légitimité directement auprès des Français. De plus, puisqu’Emmanuel Macron n’est pas candidat, sa situation ne sera pas très confortable. Je n’anticipe pas car je ne sais pas quelle sera sa réaction. Compte tenu de sa fierté, va-t-il le supporter longtemps ?
Comment les deux hommes parviendront-ils à s’entendre sur les questions diplomatiques et militaires ?
Chef des forces armées, pour le Président, est un titre honorifique puisque c’est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse. Jordan n’a pas l’intention de se battre avec lui, mais il a fixé des lignes rouges. En Ukraine, le président ne pourra pas envoyer de troupes.
Comment envisagez-vous la répartition des fonctions entre vous et Jordan Bardella ? Serez-vous président de l’Assemblée ?
Que voulez-vous que je fasse en tant que président de l’Assemblée ? Je me fiche des postes honorifiques. Je ne me suis pas battu pendant quarante ans pour cela (NDLR : elle a annoncé qu’elle prendrait la présidence du groupe parlementaire RN à l’Assemblée). Je suis cohérent. Je dis depuis longtemps que Jordan Bardella serait Premier ministre. Et nous travaillons depuis des mois, en nous projetant dans nos futures fonctions (lui à Matignon, moi à l’Élysée) même si, aujourd’hui, l’Histoire s’accélère. J’ai confiance en Jordan et j’espère qu’il réussira en étant là où il est le plus utile. De plus, il a des personnes sur qui il peut compter et en qui il a confiance.
Que faites-vous dans la dernière ligne droite du premier tour ?
Je passe mes journées à lutter contre les fake news. Nous sommes face à une extrême gauche qui est la spécialiste du sujet. Sans compter les pétitions de fonctionnaires anonymes. Nous sommes victimes d’une forme de caricature permanente.
Par exemple ?
Tout le monde est sur la bonne voie lors des doubles championnats nationaux. Personne n’a lu notre projet de loi qui ne pose qu’un seul principe alors que nous validons ce qui existe déjà dans la Constitution. Cela ne concernera pas plus de 30 à 40 emplois. Voulez-vous confier à un franco-russe la direction d’une centrale nucléaire ? C’est le principe de précaution qui prévaudra. Et la liste pourra être modifiée en fonction des évolutions géopolitiques.
Craignez-vous d’éventuels troubles dans les rues, le chef de l’État ayant même évoqué le risque d’une « guerre civile » ?
Ceux qui défient la démocratie dans la rue sont les Nupes. Il y a une similitude avec les craintes suscitées par l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand en 1981. Sur les marchés, personne ne nous en parle. Nous devons arrêter de penser que le monde va finir, nous sommes des gens raisonnables. Le peuple est souverain, il n’y a aucune raison de ne pas respecter sa volonté.
Oui, et nous éliminerons la réforme de l’assurance-chômage. Mais nous attendons le résultat de l’audit comme une photographie. Et il faudra rendre à Jupiter ce qui lui est dû. Il faudra être précis et nous découvrirons « la supercherie de Scapin » (NDLR, la pièce de Molière). Notamment le coût du remboursement de l’emprunt européen. D’autant que nos 40 milliards n’ont pas été empruntés aux taux de l’époque, proches de zéro. Par ailleurs, la Cour des comptes refuse de valider les comptes de la Sécurité sociale (branche santé). On s’intéressera également aux milliers d’agences gouvernementales qui coûtent 80 milliards d’euros pour réinstaller les vaincus aux élections. Surtout, la contribution nette à l’Europe, dix milliards d’euros, a été multipliée par trois en sept ans. Tout le monde, y compris les Allemands, demandait des réductions, sauf nous. On veut gagner deux milliards, ça reste raisonnable. Enfin, l’immigration est l’éléphant dans la pièce. Nous ne savons pas combien cela coûte, mais il faut être précis. Ce sera très dur car notre situation budgétaire est catastrophique. Nous arrivons sur un champ de mines.