Concession sur l’électricité, geste sur l’immigration, Michel Barnier a tenté jeudi de convaincre le Rassemblement national de renoncer à le censurer, mais le parti lépéniste menace toujours de le renverser s’il ne répond pas à son ultimatum d’ici lundi.
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Jeudi 28 novembre, Michel Barnier a renoncé à augmenter les taxes sur l’électricité. Une concession pour tenter d’empêcher le RN de voter une motion de censure. Un retour en arrière qui confirme ce que l’on savait déjà. Le gouvernement Barnier est politiquement faible et dépendant du RN. Privé de majorité à l’Assemblée, il ne doit sa survie qu’à l’indulgence de Marine Le Pen. D’où cette concession sur le budget, même si elle était également réclamée par d’autres groupes, suivie d’une autre qui figure également parmi les revendications du parti lepéniste : une réduction du panier des services d’aide médicale de l’État. accordé aux immigrés illégaux, et donc une réduction de ses crédits. Des annonces qui ont immédiatement suscité l’indignation de la gauche.
Cela suffirait-il à faire changer d’avis Marine Le Pen ? Pour l’instant, non. Le leader de l’extrême droite s’est empressé de faire monter les enchères en lançant directement un ultimatum. Elle demande désormais à Michel Barnier, d’ici lundi matin, « l’abandon du remboursement de certains médicaments »et la réindexation de toutes les retraites à l’inflation au 1er janvier, sous peine de censurer son gouvernement la semaine prochaine, après le déclenchement de l’article 49.3 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Marine Le Pen accroît son avantage, mais cette surenchère illustre aussi son dilemme stratégique. En fait, elle est au pied du mur.
D’un côté, elle pourrait choisir de récolter ces succès influents et de continuer à peser sur les décisions de Michel Barnier en lui accordant un sursis de quelques mois. Sauf que cette position risque de le rendre responsable demain du bilan du gouvernement. Une posture d’opposition radicale, et donc de censure, est plus confortable. Avec Marine Le Pen à sa tête depuis 14 ans, le FN, devenu RN, affirme se présenter comme un parti de gouvernement crédible. Mais jusqu’à présent, à chaque fois qu’il se trouve à la croisée des chemins, la véritable nature du parti d’extrême droite refait surface, celle d’un mouvement populiste et « antisystème ». Une nature illustrée par la violence des propos de Marine Le Pen contre la justice lors du procès des assistantes fictives du RN.
Dès que l’exercice du pouvoir semble approcher, Marine Le Pen renoue avec ses vieux démons contestataires et préfère flatter sa base plutôt que de séduire de nouveaux électeurs conservateurs soucieux de stabilité. Au risque qu’ils lui reprochent demain le chaos financier que pourrait résulter de la crise politique qu’il menace de déclencher.