Marie-France Garaud, ancienne conseillère de Georges Pompidou et Jacques Chirac, est décédée
« Des chaussures brogues en jupons » pour certains, « Le Père Joseph au féminin » pour d’autres, ou même « Cruelle » pour les plus sévères, elle fut une femme politique influente qui joua ce rôle auprès de Georges Pompidou et Jacques Chirac. Marie-France Garaud est décédée mercredi 22 mai, à l’âge de 90 ans, a annoncé son fils le lendemain à l’Agence France-Presse.
Née le 6 mars 1934 à Poitiers, fille d’un avocat, conseiller général, Marie-France Quintard a obtenu un diplôme d’études supérieures de droit privé, droit public et histoire du droit à la faculté de Poitiers. C’est dans cette ville qu’elle devient avocate (1954-1957). En 1959, elle épouse Louis Garaud, lui-même avocat, avec qui elle aura deux fils. Après un passage au ministère de la Marine, son ancien professeur de droit, Jean Foyer, l’amène à son cabinet au ministère de la Coopération (1961-1962), puis à celui de la Justice (1962-1967). En avril 1967, Pierre Juillet (1921-1999), conseiller politique du Premier ministre Georges Pompidou, la recrute comme chargée de mission. Le duo (rapidement redoutable) se forme et Marie-France Garaud entame son envolée politique.
« Guerrière Valkyrie »
Sa première tâche est de ramener les centristes dans la majorité. Élu président, Georges Pompidou en fait une conseillère technique au secrétariat général de la présidence. Avec Pierre Juillet, Marie-France Garaud partage à la fois le bureau et une passion absolue pour la France. Préférant rester dans l’ombre, Juillet envoie au feu « Marie-la-France », comme la surnomment les journalistes. Dans son livre Hommes libres (Plon, 1973), Arthur Conte dresse un portrait attachant : un « Belle femme brune, visage rond et très blanc, yeux d’impala, petite bouche, parlant vite et mélodieusement. Elle respire une chaleureuse amitié ». Mais c’est aussi un « Valkyrie guerrière, féroce au combat ».
Familier des châteaux, de la chasse et du tir, fréquentant les antiquaires et les grands couturiers, cet agriculteur au chignon élégant – qui produit des noix et élève des moutons dans le Poitou – aime les intrigues. Intransigeante, facilement cassante, elle fut une pionnière dans le rôle des femmes politiques. En 1973, Semaine d’actualités le décrit comme « la femme la plus puissante de France ».
A la mort de Pompidou, c’est le président de la République par intérim, le centriste Alain Poher, qui la nomme, le 4 mai 1974, conseillère référendaire à la Cour des comptes. En juillet, Marie-France Garaud jette son dévolu sur Jacques Chirac, qu’elle pousse à abandonner le gaulliste Jacques Chaban-Delmas pour soutenir la candidature à l’Elysée de Valéry Giscard d’Estaing. Son » petit poussin « devenue première ministre, elle refuse d’être sa chef de cabinet – « Je ne voulais pas être harnaché comme un cheval » – mais il est à l’origine de nombreux coups : le tremblement de terre de 1976 quand Chirac claqua la porte de Matignon, la fondation du RPR, la prise de l’Hôtel de ville de Paris et, en décembre 1978, « l’appel de Cochin », violent anti-socialiste. -Acte d’accusation européen que le tandem a fait signer au maire de la capitale, hospitalisé après un accident de voiture.
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