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marge de manœuvre extrêmement limitée

Michel Barnier a lancé son slogan sur les réseaux sociaux dès la nomination de son gouvernement, samedi 21 septembre : « Une équipe ! Au travail maintenant ! » Elle réunira lundi 23 septembre ses 39 membres pour un petit-déjeuner à Matignon à 8 heures, avant un premier conseil des ministres à l’Élysée à 15 heures

Nommé le 5 septembre, Michel Barnier (Les Républicains) a mis seize jours à constituer son équipe. De longues négociations pour trouver un gouvernement de coalition, minoritaire à l’Assemblée nationale, entre le centre et la droite. Ce contexte contraint le chef du gouvernement et lui laisse une marge de manœuvre limitée.

Un gouvernement de coalition négocié après les législatives : la configuration est inédite depuis que la majorité s’est imposée sous la Ve République. Les deux partenaires sont d’une force inégale. D’un côté la droite avec Michel Barnier à Matignon, la présidence du Sénat (Gérard Larcher) et 13 ministres, dont quatre ministres à temps plein. De l’autre le centre avec Emmanuel Macron à l’Élysée, la présidence de l’Assemblée nationale (Yaël Braun-Pivet) et vingt-quatre ministres, dont treize ministres à temps plein, dont le cas particulier de l’ex-PS Didier Migaud à la Justice. S’y ajoutent deux secrétaires d’Etat issus de la société civile.

Une double distribution

Preuve que le couplage n’est pas aisé, outre une classique ministre déléguée chargée des relations avec le Parlement (la sénatrice Nathalie Delattre du Parti radical), Michel Barnier est assisté d’une autre, plus baroque, « responsable de la coordination gouvernementale » (Sénatrice LR Marie-Claire Carrère-Gée). Pour asseoir son autorité, Matignon aura la compétence directe sur les Outre-mer, les finances publiques (partagées avec Bercy) et l’Europe (partagée avec le Quai d’Orsay).

La répartition ministérielle entre la droite et le centre se double d’une répartition au sein de ce dernier. Renaissance, le parti dont Emmanuel Macron est président d’honneur, a notamment conservé la défense (l’inamovible Sébastien Lecornu), l’éducation nationale (Anne Genetet, proche de Gabriel Attal), l’économie (le jeune Antoine Armand, 33 ans) ou encore la transition écologique avec Agnès Pannier-Runacher, représentante de l’aile gauche des macronistes (Territoires de progrès).

Gouvernement : une marge de manœuvre extrêmement limitée

Avec Bruno Retailleau à la place Beauvau, la droite détient l’un des portefeuilles régaliens majeurs. Représentant l’aile conservatrice de LR, la présence de cet ancien villiériste fait grincer des dents les macronistes. « Je demanderai au Premier ministre d’indiquer clairement dans sa déclaration de politique générale qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur la procréation médicalement assistée, le droit à l’avortement ou les droits LGBT. »L’ancien Premier ministre Gabriel Attal aurait fait cette déclaration dimanche devant les députés Renaissance, qu’il dirige désormais, selon l’AFP.

Un signal aux électeurs en attente d’autorité et de fermeté

De fait, au cours des longues négociations entre Matignon et l’Élysée, LR n’a pas obtenu tout ce qu’il souhaitait. Emmanuel Macron a notamment écarté du portefeuille familial la sénatrice Laurence Garnier, jugée trop conservatrice, qui a finalement été nommée à la Consommation.

Si un gouvernement de coalition entre la droite et le centre est mécaniquement plus à droite qu’un gouvernement uniquement de centre, la présence de Bruno Retailleau est un signal adressé aux électeurs qui attendent de l’autorité et de la fermeté. En tant que président du groupe LR au Sénat, il avait en effet activement participé au durcissement de la loi sur l’immigration. Le ministre de l’Intérieur devra toutefois appliquer une feuille de route gouvernementale de compromis, et non le programme de son parti. Il ne devrait donc pas remettre en cause l’Aide médicale d’État (AME) et appliquer le Pacte européen sur les migrations, contre lequel LR avait voté au Parlement européen.

Le Rassemblement national regarde donc la situation avec délectation, espérant attirer les électeurs déçus. Sur la sécurité et l’immigration, comme sur une hausse, même ciblée, des impôts. Depuis 2022, les gouvernements du centre, ceux d’Élisabeth Borne puis de Gabriel Attal, avaient pu échapper à une motion de censure grâce à la bienveillance de la droite. Le nouveau gouvernement de coalition entre le centre et la droite, dirigé par Michel Barnier, ne pourra se maintenir que grâce à la bienveillance de l’extrême droite. Jusqu’à quand ?

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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