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Marché : L’écart de taux entre la France et l’Allemagne se creuse et atteint son plus haut depuis 2012

(BFM Bourse) – L’écart entre les titres de dette à 10 ans, jauge des tensions sur la dette française, a atteint 84 points de base ce vendredi, alors que le marché est nerveux avant l’issue du premier tour des élections législatives en France.

Forte montée des tensions autour de la dette française à deux jours du premier tour des élections législatives en France.

Le rendement des obligations françaises à 10 ans augmente de 4 points de base (0,04 point de pourcentage) à 3,30 %. L’écart avec le titre allemand de même échéance, le « spread », s’élève à 84 points de base, selon les données de Bloomberg. Selon l’agence américaine, il s’agit du niveau le plus élevé depuis 2012, lors de la crise de la dette souveraine dans la zone euro.

Rappelons que ce « spread » sert de thermomètre pour mesurer le stress des marchés sur la dette française, en comparant le rendement de ses obligations à 10 ans avec ceux d’un pays vertueux en termes de finances publiques, à savoir l’Allemagne.

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Pas encore de scénario catastrophe

« Le marché ajoute probablement une petite prime de risque en raison de la possible majorité absolue du Rassemblement national », a déclaré à Bloomberg Théophile Legrand, stratège chez Natixis, citant des sondages récents.

On est cependant loin du plus haut historique de ce spread, qui se situait autour de 200 points de base au plus fort de la crise de la dette souveraine dans la zone euro en 2012.

L’incertitude politique en France met donc les investisseurs à rude épreuve. « Les questions de marché sur les équilibres budgétaires, mais aussi les futures mesures économiques, continuent de mettre la pression sur les actifs français », ajoute Xavier Chapard de LBPAM. « A ce stade, les marchés sont loin d’anticiper le pire scénario (en termes de dérapages budgétaires et de tensions avec les autorités européennes », ajoute-t-il toutefois.

« Il semble que les investisseurs soient préparés à faire face à un scénario défavorable, mais pas à un scénario catastrophique », estime Capital Economics.

Dans une note publiée la semaine dernière, le think tank craignait que les pressions obligataires s’intensifient après le second tour des législatives. Capital Economics avait élaboré une série de scénarios. Mais le plus probable, selon le think tank, reste qu’un gouvernement soit formé soit par le Rassemblement national, soit par le Nouveau Front populaire, mais que seule une partie des mesures budgétaires promises par les deux partis soit mise en œuvre.

« Cela entraînerait probablement un déficit budgétaire plus élevé que ce qui aurait été le cas autrement, ce qui alimenterait les inquiétudes du marché quant à la viabilité de la dette », prédit Capital Economics. Le groupe de réflexion s’attend à ce que dans ce scénario, l’écart de rendement de la dette à 10 ans entre la France et l’Allemagne se creuse avant de se stabiliser autour de 100 points de base.

« Ces inquiétudes concernant les élections françaises sont franchement exagérées », a déclaré Piet Haines Christiansen, stratégiste chez Dankse Bank, cité par Reuters. « La France a connu des problèmes structurels. (…) Globalement, je ne pense pas que ces inquiétudes électorales (sur les marchés obligataires) changeront quoi que ce soit à cela », ajoute-t-il.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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