(BFM Bourse) – Ces dernières années, le paysage géopolitique a été considérablement recomposé, créant un environnement économique caractérisé par une forte incertitude et une inflation croissante. Dans ce contexte incertain, Saxo Banque apporte ses clés pour composer un portefeuille prêt à affronter la nouvelle ère géopolitique.
Les marchés financiers se souviennent avec tendresse du risque géopolitique ces dernières semaines, avec les récents développements au Moyen-Orient. L’année 2024 est, par ailleurs, une année pleine d’échéances électorales, une perspective qui inquiète désormais plus les investisseurs américains que l’inflation, selon une étude de Janus Henderson publiée en novembre dernier.
« Les investisseurs se sont adaptés à contrecœur à une nouvelle normalité caractérisée par une grande incertitude géopolitique et économique », a rappelé eToro dans une note précédente.
L’investisseur « intelligent » devra donc intégrer un monde géopolitique en constante évolution sans son logiciel, prévient Peter Garnry, directeur de la stratégie chez Saxo Banque.
« L’allocation d’actifs était facile dans le passé, avec 40 ans de baisse des rendements obligataires, un paysage géopolitique plutôt stable, une démographie positive, l’absence de catastrophes climatiques et une faible inflation », dit-il.
Avec cette valeur refuge dans le rétroviseur, il sera difficile pour les investisseurs de « se contenter d’investir à 100 % en actions et de parier sur le fait que l’histoire se répétera », ajoute-t-il. Cette stratégie n’est plus d’actualité étant donné les nuages sombres qui s’amoncellent dans le ciel géopolitique.
S’écarter du traditionnel 60/40
Pour aider les investisseurs à y voir plus clair, Saxo Banque révèle les éléments les plus importants à prendre en compte pour renforcer un portefeuille « à l’ère de l’économie de guerre et de tendances démographiques fortement négatives ».
Les suggestions de Peter Garnry s’écartent du « portefeuille traditionnel 60/40 (60 % d’actions et 40 % d’obligations à long terme) ». Le spécialiste ne donne toutefois pas de pondération à chaque catégorie, puisque chaque « investisseur est différent », rappelle-t-il.
En termes de secteurs, Saxo Banque cite les semi-conducteurs et l’intelligence artificielle qui « seront des facteurs déterminants » pour les gouvernements à l’avenir, tout comme la cybersécurité, « car c’est le nouveau système d’exploitation clé pour tout gouvernement et toute entreprise ».
La défense est également désignée par Peter Garnry. Ce secteur n’est pas descendu de son nuage boursier depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, il y a un peu plus de deux ans. Selon lui, l’Europe « souffre d’un déficit important en capacités militaires » alors que de nouvelles technologies sont nécessaires pour faire face aux essaims de drones.
Dans les jours qui ont suivi le déclenchement du conflit en Ukraine, l’Allemagne a annoncé une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros via un fonds spécial pour accroître ses investissements militaires.
La recrudescence des tensions géopolitiques au Moyen-Orient a également remis ce secteur autrefois négligé sur le radar des investisseurs. La récente montée des valeurs de défense « s’explique évidemment par l’exacerbation du conflit entre Israël et le Hamas. Cet événement s’est produit au moment où les investisseurs commençaient à s’interroger sur la pérennité des augmentations des budgets militaires », indiquait fin février Yan Derocles, analyste chez Oddo BHF.
Saxo Banque cite également les valeurs de « l’énergie renouvelable, qui, du point de vue de la sécurité nationale, est moins risquée en raison de l’absence de source d’énergie et les actifs énergétiques peuvent être distribués de manière décentralisée, réduisant ainsi les risques de coûts par nature ».
« Dans nos perspectives trimestrielles, nous indiquons que les quatre secteurs les plus attractifs actuellement d’un point de vue stratégique (à long terme) sont la santé, la technologie, les services financiers et l’énergie. Ces secteurs sont les plus probables, compte tenu des informations dont nous disposons aujourd’hui. , pour offrir des rendements réels élevés au cours des dix prochaines années », rappelle également Saxo Banque.
Matières premières, bouclier anti-turbulence
Concernant les actifs, Peter Garnry cite l’or qui, selon lui, a toujours été un bon élément de diversification des risques en temps de guerre et d’inflation, d’autant plus que « la récente période géopolitique l’a encore prouvé », note le spécialiste. comme le surnomme l’économiste John Maynard Keynes, elle a récemment dépassé le seuil des 2 400 dollars l’once et se rapproche de son record historique, désormais situé à 2 431 dollars, avec le récent regain de tensions au Moyen-Orient.
Du côté des matières premières, Saxo Banque rappelle que « tous les chocs inflationnistes les plus graves de l’histoire ont été associés à une hausse rapide des matières premières ». Le spécialiste de l’investissement boursier estime qu’il est judicieux de s’exposer aux matières premières « en temps d’économie de guerre et pour se protéger des chocs inflationnistes ».
« La transformation verte pourrait également déclencher des tendances durables dans les matières premières clés, notamment le cuivre », ajoute Saxo Bank. Le premier métal travaillé par l’homme a bondi de plus de 10 % depuis le début de l’année, pour atteindre 9 500 dollars.
Les obligations à court terme et les obligations protégées contre l’inflation font également partie de la boîte à outils de Saxo Banque. Dans un contexte d’inflation persistante, les obligations protégées contre la hausse des prix « valent la peine d’être envisagées », estime le courtier en investissements financiers.
Concernant les obligations à court terme, elles ont le mérite d’offrir une option et « agissent essentiellement comme du cash, car elles ont une durée courte et sont donc moins risquées en cas de forte incertitude sur l’inflation ».
Sabrina Sadgui – ©2024 BFM Bourse