Manon Apithy-Brunet et Sara Balzer, deux épéistes sur le toit du Grand Palais
Interrogée il y a quelques mois sur sa relation avec sa rivale et compatriote, Sara Balzer, Manon Apithy-Brunet confiait : « Nous sommes coéquipiers. Nous allons nous soutenir mutuellement, mais nous n’allons pas sortir boire un verre ensemble. » Et pourtant, les voilà définitivement associées dans l’histoire de l’escrime et des Jeux Olympiques (JO). Dans quelque temps, peut-être quelques années, lorsque leur carrière sportive sera terminée, les deux femmes pourront se remémorer ensemble cette journée du lundi 29 juillet qui les a vues se disputer un titre olympique dans le cadre somptueux et l’ambiance électrique du Grand Palais.
En escrime, la dernière finale olympique franco-française remonte à vingt-huit ans et au titre à l’épée remporté par Laura Flessel aux dépens de Valérie Barlois, lors des Jeux d’Atlanta en 1996. Aucune escrimeuse française n’avait depuis remporté de titre olympique. Manon Apithy-Brunet a mis un terme à cette longue parenthèse au terme d’une finale maîtrisée (15-12), qui fait également d’elle la première sabreuse française sacrée aux Jeux olympiques.
« Manon n’était pas forcément celle que Sara rêvait de rencontrer en finale, car c’est un jeu très rapide, surtout quand elle marche sur l’eau comme aujourd’hui. »a reconnu Mathieu Gourdain, l’entraîneur national du sabre féminin, qui a confié avoir vécu la « meilleur jour » de sa carrière d’entraîneur. Les deux sabreurs s’étaient affrontés à trois reprises en compétition internationale au cours des deux dernières saisons, et Manon Apithy-Brunet s’était clairement imposée à chaque fois, un facteur qui a peut-être joué un rôle lorsqu’elles se sont retrouvées face à face.
Un contraste saisissant
La médaillée de bronze (et vice-championne olympique par équipes) aux Jeux de Tokyo 2021 semblait plonger dans cette finale avec envie et délectation, tandis que son adversaire, après une saison fulgurante qui faisait d’elle la favorite pour le titre, semblait soudain retenue. « J’ai pratiqué l’escrime toute la journéese réjouit Manon Apithy-Brunet. J’étais puissant – et j’aimais ça – j’étais libre.
Tout au long de la journée, les deux femmes avaient suivi deux trajectoires parallèles qui ne pouvaient se croiser qu’à l’étape finale. Entrés en compétition à 10h25, elles avaient disputé leurs premiers tours de compétition simultanément et avec une étonnante synchronicité dans le déroulement de leurs attaques.
Au jeu des comparaisons, Sara Balzer a semblé avoir une plus grande marge sur ses adversaires que Manon Apithy-Brunet, une impression confirmée en demi-finales : la première a pris le dessus sur l’expérimentée Ukrainienne Olga Kharlan (15-7), future médaillée de bronze, tandis que sa coéquipière a dû batailler plus durement face à la jeune Sud-Coréenne Choi Sebin (15-12).
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