Manches retroussées, Attal en campagne malgré tout
Fini « étonnement »endroit pour » l’action « . Gabriel Attal est revenu en campagne jeudi dans le Pas-de-Calais pour défendre le bloc « central » de la majorité face à « deux extrêmes »malgré son désaccord avec la dissolution qui pourrait conduire Jordan Bardella à Matignon.
« Bonne chance, car ça ne va pas être facile »dit une femme au Premier ministre après avoir pris un selfie avec lui à Boulogne-sur-Mer, département devenu fief de l’extrême droite, vainqueur haut la main des élections européennes du 9 juin et donné favori aux législatives prévu du 30 juin au 7 juillet.
« C’est par définition difficile. Nous sommes dans un moment difficile, il faut convaincre les Français, mais je ne suis pas du genre à baisser les bras »assure Gabriel Attal, les manches de sa chemise retroussées.
Il est venu soutenir le candidat de la Renaissance Jean-Pierre Pont, élu de justesse député en 2022 face au Rassemblement national et à une gauche divisée.
Le député sortant dit avoir connu deux dissolutions de l’Assemblée nationale. « Vous allez me le dire parce qu’en 1997 (date de la dernière dissolution, ndlr), j’avais 8 ans »a déclaré le chef du gouvernement, venu partager un déjeuner en terrasse avec des élus et des militants.
Gabriel Attal a été informé tardivement de la dissolution et a même tenté, en vain, de dissuader le président en proposant sa démission.
« Histoires d’appareils »
A ses côtés, l’ancienne ministre Brigitte Bourguignon, battue par le RN en 2022, revient elle aussi en campagne.
« Nous avons 17 jours et deux week-ends. Il est très important que nous soyons sur le terrain et que nous ne parlions pas d’appareils. »assure Gabriel Attal au nom d’une majorité « divers et solidaires » tandis que la droite est déchirée après l’appel d’Eric Ciotti à s’allier avec le RN et que la gauche est toujours en négociations pour les investitures.
« Nous ne voulons pas que l’extrême droite et l’extrême gauche gouvernent le pays » répète le locataire de Matignon, menacé de devoir quitter son poste le 8 juillet.
Il dénonce longuement le« accord honteux » entre le Parti Socialiste, la France Insoumise et les autres partis de gauche pour la formation d’un nouveau « Front populaire »et promet de « se mobiliser pleinement pour que les Français choisissent une voie (…) attachée à une forme d’humanisme, d’éthique politique et de progrès ».
« Ça va être dur »prédit un retraité, inquiet des projets de loi suspendus au Parlement comme celui sur la fin de la vie.
Cette élection « C’est un choix de qui vous voulez au gouvernement : Jordan Bardella, Jean-Luc Mélenchon ou ma pomme »a répondu Gabriel Attal, favorable à un débat entre les trois hommes, une proposition déclinée par le leader insoumis.
« Restez au pouvoir »
Il n’a finalement pas distribué le premier tract de campagne de la majorité, tiré à 500 exemplaires, avec une faute d’orthographe, signe de la précipitation dans laquelle se sont retrouvés les candidats dans une campagne qui n’a duré que trois semaines.
Une seule photo y apparaît, celle du Premier ministre. Gabriel Attal, qui mènera la campagne, avait été exhorté par les députés de son camp à mettre son visage sur les tracts à la place de celui d’Emmanuel Macron, qui suscite le rejet sur les marchés.
Trois macronistes déçus, dirigeants de banques, ont fini par voter pour Jordan Bardella aux élections européennes et hésitent pour les législatives. « J’espère que le régalien va se réveiller »dit l’un d’eux, qui dénonce l’insécurité et la façon dont « rugueux » dont a été faite la réforme des retraites.
Sollicité par des riverains près d’un restaurant, Gabriel Attal défend la réforme de l’assurance chômage, très contestée à gauche et qui divise son camp, dont le décret sera pris d’ici le 1er juillet, entre les deux tours des législatives anticipées.
Il défend également les mesures du gouvernement en faveur des sinistrés des inondations qui ont touché le département, où il tient à venir chaque mois depuis sa nomination à Matignon début janvier.
Le Premier ministre a également terminé sa visite dans la maison de Jean-Michel Rolland, un habitant d’Andres victime des inondations, qui avait fondu en larmes devant lui.
Depuis son sauvetage, M. Rolland ne tarit pas d’éloges à l’égard du chef du gouvernement qui « tient ses promesses ». « Et j’espère une chose, c’est que vous resterez au pouvoir »lui dit-il.