Mali : des commandos ukrainiens ont-ils aidé les combattants touaregs contre les paramilitaires russes ?

Le 29 juillet, une chaîne Telegram affiliée au groupe paramilitaire russe « Wagner » (ou Africa Corps) a confirmé l’ampleur des pertes subies par la milice, lors d’une opération menée aux côtés des Forces armées maliennes (FAMa) contre le Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA), une organisation qui regroupe plusieurs mouvements indépendantistes armés à base majoritairement touarègue.

La colonne russo-malienne partie de Kidal a été attaquée dans la zone de la ville de Tinzaouatine, près de la frontière avec l’Algérie. Les combats, auxquels a également pris part le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM, lié à Al-Qaïda), même si le CSP-DPA le nie, ont duré trois jours.

« Les radicaux ont multiplié les attaques massives en utilisant des armes lourdes, des drones et des voitures piégées, ce qui a causé des pertes parmi les soldats de Wagner et des FAMa », a expliqué la chaîne Telegram en question, précisant qu’une tempête de sable aurait facilité la tâche des combattants du CSP-DPA.

Dans un communiqué, l’organisation indépendantiste a affirmé avoir « définitivement anéanti » les colonnes ennemies. « Un nombre important de matériel roulant et d’armes ont été saisis ou endommagés. Les quelques survivants des rangs des FAMA et des milices (russes) ont été faits prisonniers », a-t-elle ajouté.

Aucun bilan définitif et confirmé ne peut être donné. Mais au vu des nombreuses vidéos et photographies diffusées via les réseaux sociaux, les pertes subies par les paramilitaires russes et les FAMa sont importantes. « Il y a eu des dizaines et des dizaines de Wagner et (de soldats des) FAMa tués et faits prisonniers », a déclaré Mossa Ag Inzoma, un responsable du CSP-DPA.

Quant à l’implication du GSIM à la fin des combats, le CSP-DPA l’a fermement démentie… même si elle ne fait aucun doute. « Aucun amalgame ou autre propagande subtilement hostile à notre engagement ne peut nous priver de notre éclatante victoire », a-t-il soutenu.

Cela dit, il semblerait que des commandos ukrainiens aient pris part aux combats contre l’ex-Wagner. C’est en effet ce qu’a rapporté le Kyiv Post, qui a publié le 29 juillet une photographie « exclusive » sur laquelle on peut voir des rebelles touaregs posant avec un drapeau ukrainien. Parmi eux, on compte au moins trois combattants dont les visages ont été floutés.

Le journal a également reproduit des propos énigmatiques tenus par Andriy Yusov, porte-parole de la Direction générale des renseignements militaires (GUR). « Les rebelles ont reçu les informations nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération militaire contre les criminels de guerre russes. Nous n’allons pas discuter des détails pour l’instant, mais nous en dirons plus à l’avenir », a-t-il déclaré.

La présence de commandos ukrainiens parmi les rebelles touaregs ne serait pas surprenante. En effet, le Kyiv Post a déjà rapporté que le GUR avait envoyé des éléments en Syrie et au Soudan pour harceler les troupes russes (régulières ou non) présentes dans ces deux pays. Cela a été confirmé par CNN, selon laquelle les services spéciaux ukrainiens étaient à l’origine d’une série de frappes de drones près de Khartoum en septembre 2023.

Les affirmations du journal ukrainien et les insinuations du porte-parole du GUR ne peuvent pas être vérifiées pour le moment.

Dans le même temps, les forces ukrainiennes se trouvent dans une situation compliquée dans le Donbass. « Les coutures craquent. Les Ukrainiens vont avoir de gros problèmes », a déclaré une source militaire française au quotidien Le Figaro.

Le 27 juillet, alors que Wagner combattait les rebelles touaregs, l’armée russe a déclaré avoir pris le contrôle d’un nouveau village, celui de Lozuvatské, situé à une trentaine de kilomètres de la ville de Pokrovsk, stratégique pour le ravitaillement des forces ukrainiennes.

« Il y a quelques mois, les Russes avançaient tranchée par tranchée. Aujourd’hui, ils prennent des villages. Le rythme s’accélère. Les Ukrainiens semblent de moins en moins capables de les arrêter », constate la source militaire du Figaro.

Photo : combats à Tinzaouatine / écran catpure