Malgré une AG sous les huées, Alexandre Bompard obtient le soutien des actionnaires
C’était une mauvaise période à traverser. Le visage était tendu, la voix parfois rauque, le discours composé de quelques balbutiements. Alexandre Bompard a clôturé aujourd’hui l’assemblée générale de Carrefour, sous des huées constantes mais sans finalement être interpellé par les actionnaires du groupe.
Sa rémunération pour 2023, sur laquelle les polémiques se sont multipliées ces dernières semaines, a été adoptée à 70% des voix. Ce n’est certes pas un plébiscite, mais c’est quand même 9 points de plus que l’an dernier à pareille époque. Comprenez donc : le PDG a retrouvé une partie de la confiance qu’il avait perdue auprès de ses actionnaires.
Alexandre Bompard a perçu 4,5 millions d’euros de rémunération au titre de l’exercice 2023. A quoi s’ajoute un bonus long terme de 5,3 millions d’euros, qui lui sera versé en actions en février 2026 (sous certaines conditions de performance).
Des montants élevés, donc. Très haut. Sans l’admettre directement, la direction du groupe a néanmoins donné son accord puisqu’elle a également présenté une nouvelle méthode de calcul applicable cette année, moins avantageuse pour le PDG. Désormais, les différents critères d’attribution des bonus ne pourront plus déclencher de bonus supérieurs à 100 %. Auparavant, dépasser un objectif (120% par exemple) pouvait compenser un résultat insuffisant ailleurs (80%) et ainsi conserver un bonus intégral. Un projet un peu plus sage donc, adopté cette fois à 93% des voix.
Cet ajustement n’a pas empêché les syndicats de manifester haut et fort leur mécontentement : devant les lignes de police, à l’extérieur du bâtiment où se tenait le rassemblement, mais aussi à l’intérieur, de manière quasi ininterrompue. Les chants et les quolibets se succèdent sans faiblir, à un niveau inhabituel dans les assemblées générales du groupe. La critique numéro un concernait évidemment les 23 000 salariés dont Carrefour « s’est débarrassé » en les confiant à des gestionnaires locataires. Une forme de plan social déguisé, selon les syndicats, qui ne coûterait pas un seul euro de soutien au distributeur. Bref, chacun était dans son rôle.