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Malgré l’incertitude politique, Bruno Le Maire veut limiter les risques de dérapage budgétaire

Malgré l’incertitude politique, Bruno Le Maire veut limiter les risques de dérapage budgétaire

« Je ne suis pas en tongs à la plage », tonne Bruno Le Maire. « Je suis dans mon bureau de 7 heures à 22 heures et je prépare le budget. » Le ministre de l’Economie et des Finances veut laisser les comptes publics en ordre avant de quitter Bercy. Pour respecter la trajectoire notifiée à la Commission européenne, la France doit contenir son déficit public à 5,1 % du PIB en 2024. Comme il l’avait annoncé, Bruno Le Maire met donc en œuvre une nouvelle salve d’économies de 10 milliards d’euros pour le garantir.

Il appartient à ses successeurs, quels qu’ils soient, de respecter ou non ces consignes de dernière minute. « Ces décisions sont indispensables pour maintenir notre trajectoire de finances publiques et revenir aux standards européens », a prévenu le locataire de Bercy ce jeudi. « Revenir à ces économies et a fortiori y ajouter des dépenses supplémentaires nous éloignerait définitivement et irrémédiablement du redressement de nos finances publiques. »

Cinq milliards d’économies dans les ministères

Comme prévu, la moitié de ces nouvelles restrictions pèseront sur l’Etat. « Je signerai aujourd’hui une lettre notifiant à tous les ministères leurs plafonds de dépenses », a précisé le ministre. « Cela marquera une réduction de 5 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale. Et nous gèlerons tous les crédits au-delà de ces nouveaux plafonds pour garantir la bonne exécution de ces économies. » A ce stade, aucune précision n’a toutefois été donnée sur la répartition entre les différents ministères, et encore moins sur les missions et programmes concernés.

Pour atteindre 10 milliards, Bercy compte ensuite sur la taxation des rentes énergétiques. Le gouvernement avait annoncé son intention de serrer la vis sur la contribution sur les rentes inframarginales (CRIM), une taxe temporaire sur les producteurs d’électricité qui n’a généré que de très faibles recettes jusqu’ici. Bruno Le Maire laissera un texte législatif tout fait à son successeur en la matière. La mesure, à effet rétroactif, devrait rapporter 3 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat, dès cette année, assure-t-il.

Un autre texte visant à taxer les rachats d’actions est également prêt, ce qui pourrait également rapporter « quelques centaines de millions d’euros » en 2024, selon le ministre. Enfin, Bercy compte toujours sur les collectivités locales pour contribuer à l’effort de réduction des dépenses, à hauteur de 2 milliards. Mais le gouvernement n’a aucun levier pour les y contraindre.

Inquiétude quant au rythme des dépenses

Ces nouvelles mesures s’ajoutent aux décisions déjà prises depuis le début de l’année. Fin février, le gouvernement avait annulé par décret 10 milliards de crédits au budget de l’Etat. Il avait également rétabli partiellement les taxes sur les factures d’électricité (5 milliards d’euros de recettes attendues en 2024) et décrété le doublement des franchises sur les médicaments à partir de 1999.euh Avril (600 millions d’euros d’économies prévues en 2024).

Au total, le gouvernement aura prévu pour cette année un resserrement de 25 milliards par rapport au budget initialement voté. Il espère ainsi respecter l’objectif de déficit fixé. Pour l’heure, les recettes sont conformes aux attentes (modulo la taxe sur les sociétés énergétiques qu’il faudra voter). L’inflation retombe gentiment et la croissance est là. Mais les dépenses tournent à un rythme inquiétant.

Selon un rapport de l’Inspection générale des finances publié ce jeudi, les dépenses de l’Etat ont atteint 44% du budget annuel fin mai – bien au-dessus de la moyenne des années précédentes (41% fin mai pour la période 2017-2023). Trois facteurs principaux expliquent cela, selon Bercy : le déblocage des fonds pour le programme d’investissement France 2030, la hausse des dépenses militaires et la revalorisation des salaires des enseignants.

Le coût des élections

Et pour la fin de l’année, plusieurs risques de dérapage des dépenses ont déjà été identifiés. La crise en Nouvelle-Calédonie, par exemple, pourrait représenter un coût non budgétisé de l’ordre de 400 millions d’euros. L’organisation d’élections législatives anticipées coûtera aussi 100 à 200 millions. Et les primes et heures supplémentaires liées aux JO pourraient aussi alourdir la facture.

Le prochain locataire de Bercy risque donc d’hériter d’un budget 2024 qui sera difficile à boucler. Sans parler du budget 2025, à adopter à l’automne. Pour respecter la trajectoire fixée, il faudrait une nouvelle fois réaliser des économies massives. Et cette fois, Bruno Le Maire ne laissera aucune consigne.

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