Au nord de la bande de Gaza, le point de passage d’Erez, qui permet un accès direct à ce territoire largement coupé du monde, n’a pas rouvert. A 30 kilomètres de l’enclave, les responsables du port d’Ashdod, dont les infrastructures industrielles permettraient une arrivée massive d’aide humanitaire, attendent toujours des instructions pour commencer les livraisons, selon la presse israélienne. Ceci, malgré les engagements pris par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, lors d’une conversation téléphonique avec le président américain Joe Biden, après son décès, le 1euh avril, de sept employés de l’ONG World Central Kitchen, tués par l’armée israélienne.
L’urgence devient absolue, pour les 300 000 Gazaouis coincés dans le Nord, qui abritait plus d’un million de personnes avant la guerre. Samantha Power, directrice de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), a affirmé jeudi 11 avril que la famine avait commencé là-bas.
Des blocages existent à plusieurs niveaux. Les ministres suprémacistes d’extrême droite, Bezalel Smotrich, aux Finances, et Itamar Ben Gvir, à la Sécurité nationale, tentent par tous les moyens d’empêcher l’arrivée de l’aide humanitaire. Après avoir longuement discuté avec Benyamin Netanyahu, le premier aurait obtenu de faire partie d’un comité de supervision de l’aide humanitaire, avec d’autres ministres, les faucons Miri Regev (transports) et Israel Katz (affaires étrangères), selon le journaliste israélien Yaron Avraham. Contacté par Le mondeDavid Baker, du cabinet du Premier ministre, n’a pas souhaité commenter cette information.
L’acheminement de l’aide ralentit
Hors de l’enclave, l’aide arrive massivement via l’Egypte, via les quais de Port-Saïd ou l’aéroport d’El-Arich, dans le Sinaï. Mais les procédures de contrôle, demandées par Israël, ralentissent considérablement son acheminement. Un responsable d’une ONG internationale, qui souhaite rester anonyme, déclare : « Lorsque le contenu est chargé sur un camion à Port-Saïd, il faut en moyenne dix-huit jours jusqu’à ce qu’il soit déchargé à Kerem Shalom. »
Ici, comme à Nitsana, points de passage israéliens où sont inspectés les conteneurs, de nombreuses manifestations s’opposent à l’entrée de l’aide humanitaire, comme celles organisées par des militants du groupe Tsav 9 (Ordre 9) – et parfois dispersées, comme ce jeudi, à Nitsana. Les deux tiers des Juifs israéliens se disent hostiles à de telles livraisons, selon un sondage du Institut israélien de la démocratie réalisée en février.
Il vous reste 53,54% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.