Malgré les difficultés, l’US Air Force et Boeing ont finalement trouvé un accord sur l’avion radar E-7 Wedgetail
En février 2023, l’avionneur Boeing a annoncé qu’il allait commencer le développement de deux nouvelles variantes de son avion de commandement et d’alerte avancée E-7A Wedgetail pour l’US Air Force, dans le cadre d’un « contrat d’action indéfini » (UCA) d’une valeur maximale de 1,2 milliard de dollars. En d’autres termes, les spécifications de l’appareil et son prix n’avaient pas encore été convenus avec le Pentagone.
Pour rappel, l’US Air Force prévoit d’acquérir 26 E-7 Wedgetails pour remplacer, à partir de 2027, ses 31 AWACS E-3B/G, qui connaissent des problèmes de disponibilité alors qu’ils sont en service depuis plus de quarante ans maintenant.
A première vue, les négociations pour parvenir à un contrat définitif ne devraient pas poser de difficultés insurmontables puisque, basé sur la cellule du Boeing 737, le E-7 Wedgetail a déjà été sélectionné par le Royaume-Uni, la Turquie, l’Australie et la Corée du Sud. De plus, l’OTAN a annoncé son intention d’acquérir six exemplaires pour remplacer le E-3A Sentry de sa force aéroportée de détection et de contrôle lointains (NAEW&C).
Pour rappel, l’E-7A Wedgetail est notamment équipé d’un radar à antenne active multirôle (MESA Multi-role Electronically Scanned Array) d’une portée de plus de 400 km, de contre-mesures électroniques et de divers systèmes de communication (UHF, HF, VHF, Link 11, Link 16, ICS, SATCOM, etc.).
Or, les appareils que le Pentagone compte commander devront disposer de caractéristiques propres à l’US Air Force, notamment une architecture de systèmes de mission « ouverte » et des communications par satellite améliorées. D’où des discussions « difficiles » avec Boeing, notamment sur les prix. Des discussions qui ont également été perturbées par les inquiétudes juridiques du constructeur, liées à deux accidents de B-737 MAX survenus en 2018 et 2019, ayant causé la mort de 346 personnes.
Le 8 juillet, pour éviter une condamnation pénale, Boeing a accepté de plaider coupable de « complot visant à frauder la FAA dans sa certification du 737 Max » et de payer une amende de 243,6 millions de dollars. Or, selon des experts cités par Reuters, cette procédure pourrait potentiellement priver l’avionneur de l’accès aux contrats gouvernementaux, puisque le Pentagone est tenu de vérifier si « tout fournisseur avec lequel il fait affaire est une entreprise responsable ».
Quoi qu’il en soit, dix-huit mois après la notification de l' »action contractuelle indéfinie », un accord a finalement été trouvé. L’annonce a été faite par Frank Kendall, secrétaire de l’US Air Force, lors du salon aéronautique militaire Royal International Air Tattoo en Angleterre.
« Nous avons conclu un accord (avec Boeing). Nous avons obtenu un prix raisonnable. Un prix que nous pouvons nous permettre », a déclaré le responsable à la presse. « Un contrat formel sera finalisé en août », a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.
« Boeing et ses fournisseurs méritent d’être félicités. Ils ont vraiment travaillé dur et ont fait du bon travail pour réduire le coût du programme de prototypage rapide. C’est ce que nous leur avons demandé. Et c’est ce qu’ils ont fait », a déclaré Andrew Hunter, secrétaire adjoint de l’US Air Force pour les acquisitions et la technologie.
Au départ, a-t-il expliqué, les responsables de l’armée de l’air « pensaient que leurs besoins correspondraient étroitement à ceux des E-7 acquis par le Royaume-Uni. Mais au fur et à mesure que le processus avançait, ces besoins ont divergé, ce qui a compliqué le développement et les négociations contractuelles ». De plus, a noté Hunter, Boeing voulait « éviter de se retrouver pris dans un accord problématique », comme ce fut le cas avec le ravitailleur KC-46A Pegasus.
Boeing construit actuellement le premier B-737 Next Generation, qui sera ensuite transformé en prototype E-7 Wedgetail pour l’US Air Force. L’avion devrait effectuer son premier vol en 2025.