Cela fait un peu plus d’un quart d’heure que Charlotte Gainsbourg attend poliment rue de Verneuil. Quand, soudain, Rachida Dati, pull rouge assorti à ses mocassins, sort de sa berline, tout sourire. Ce mardi 2 avril, la star que tout le monde attend, c’est elle. De retour de l’Assemblée nationale où elle a répondu à une question sur le hip-hop, la ministre de la Culture perce la petite foule rassemblée dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, pour dévoiler, aux côtés de l’actrice, chanteuse et « fille de », la plaque qualifiant l’hôtel particulier de Serge Gainsbourg de « maison des illustres ».
À quelques centimètres d’un tag « You’re Under Arrest », titre d’une des chansons célèbres de l’auteur-compositeur décédé en 1991, Rachida Dati s’épanche. Sept mois plus tôt, c’était en tant que maire du 7e quartier de la capitale que le sarkozyste est venu inaugurer la maison, transformée en musée. La voilà désormais ministre. « Si j’avais imaginé… Franchement, merci Serge ! »dit-elle en riant, rappelant que l’interprète de Javanais ouvert, pour elle, comme pour d’autres de ces villes « là où il n’y a ni âme, ni culture, ni imagination »un « fenêtre de liberté ». UN allusion à son parcours amoureux d’enfant originaire d’une ville de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire), fille d’immigrés, gravie au sommet de l’échelle.
Recrutée le 11 janvier pour relancer un gouvernement en manque de stars, Rachida Dati braque les projecteurs. Les Unes des magazines s’accumulent, comme à l’époque où elle rejoint l’équipe gouvernementale de Nicolas Sarkozy pour devenir garde des Sceaux (2007-2009). « C’est une étoile », constate l’ancien sénateur des Républicains (LR) Pierre Charon, qui l’a rencontrée autour d’un verre à l’Elysée le 5 avril, pour célébrer le départ de Frédéric Rose. L’ancien conseiller à la sécurité du président était sa collaboratrice lorsqu’elle habitait place Vendôme.
Présomption d’innocence
Ce soir-là, on se presse autour de « Rachida » pour saluer la ministre et la complimenter sur les sondages qui en font la favorite pour se présenter à la mairie de Paris. Rachida Dati réfléchit nuit et jour à déloger la maire de la capitale, Anne Hidalgo. Emmanuel Macron est conscient de l’ambition du transfuge LR mais, comme il l’espérait, Rachida Dati « fait Rachida Dati » : le ministre bouscule l’écosystème culturel en tenant la tête de l’affiche. Un jour sur Skyrock, le lendemain à Tulle pour inaugurer la Cité de l’accordéon, le locataire de la rue de Valois promet mi-mars devant les sénateurs une réforme de l’audiovisuel public en 2025. « Elle y va », constate le chef de l’Etat satisfait, ajoutant, presque admiratif, « elle est insubmersible ».
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