Malgré le rebond de l’inflation, la Fed maintient ses taux de change et exclut une hausse
La Réserve fédérale américaine (Fed) a maintenu mercredi ses taux d’intérêt inchangés entre 5,25 et 5,50%, fourchette dans laquelle ils évoluent depuis juillet. En cause : le « manque de progrès » récent sur le front de l’inflation, le Comité de politique monétaire (FOMC) précisant que « ces derniers mois, il y a eu un manque de progrès vers l’objectif du Comité d’une inflation de 2% « .
Depuis janvier en effet, alors que la trajectoire de hausse des prix était en bonne voie pour atteindre progressivement l’objectif de 2%, elle est repartie à la hausse, à 2,7% sur un an en mars, selon l’indice PCE privilégié par la Fed, et à 3,5% selon l’indice CPI. Un rebond qui contraste avec l’Europe, où le net ralentissement de l’inflation entraîne la Banque centrale européenne (BCE) envisager une baisse des taux à partir de juin.
Wall Street en hausse
Il n’est cependant pas question d’augmenter les tarifs. Lors d’une conférence de presse, le patron de la Fed, Jerome Powell, a exclu la possibilité d’une future hausse des taux d’intérêt. Pour lui, il estt « il est peu probable que la prochaine évolution des taux soit une augmentation « , et il faudra sans doute » plus de temps que prévu » avant d’avoir confiance dans la baisse de l’inflation.
De quoi rassurer les investisseurs. Vers 19H10 GMT, le Dow Jones montait de 1,30% et le Nasdaq de 1,46%. Selon Jerome Powel, la politique monétaire est « suffisamment restrictive » dans la durée. Les taux obligataires à dix ans se sont détendus à 4,61% au lieu de 4,68% la veille.
La Réserve fédérale marque cependant le début d’un assouplissement de sa politique monétaire : elle a annoncé mercredi qu’elle réduirait plus lentement le volume des actifs de son bilan à partir de juin. Le portefeuille de la Fed s’est développé pendant la pandémie, lorsqu’elle a acheté massivement des titres, inondant le marché de liquidités pour maintenir le fonctionnement du système financier.
Puis, parallèlement aux hausses de taux destinées à lutter contre l’inflation, elle a vendu des titres, réduisant son portefeuille de 1 500 milliards de dollars.
L’activité manufacturière ralentit plus vite que prévu
Ces annonces interviennent alors que l’activité manufacturière aux Etats-Unis a ralenti plus que prévu en avril, se contractant à nouveau sous l’effet conjugué d’une baisse des commandes et de l’emploi, selon les données publiées. Mercredi par la fédération professionnelle ISM.
L’indice mesurant cette activité s’est établi à 49,2% sur le mois écoulé, contre 50,3% en mars, qui avait marqué le premier mois de croissance de l’activité après 16 mois consécutifs de contractions. Elle passe ainsi sous la barre des 50%, en dessous de laquelle l’activité est en contraction. L’indice est également inférieur aux attentes des analystes, qui anticipaient une légère baisse mais un indice en équilibre à seulement 50%, selon le consensus publié par briefing.com.
« La demande ralentit légèrement, ce qui se traduit par une baisse des commandes, même si les entreprises interrogées font preuve d’optimisme dans leurs propos », a détaillé le responsable de l’enquête pour l’ISM, Thimothy Fiore, cité dans le communiqué.
» La demande en est encore aux premiers stades de reprise, avec des signes persistants d’amélioration des conditions. (…) Parmi les six principaux secteurs contribuant au PIB industriel en avril, aucun n’a un indice PMI inférieur à 45% « , a-t-il ajouté. Un indice PMI inférieur à 45% est considéré par les professionnels comme un signe de faiblesse de l’activité dans un secteur.
L’industrie manufacturière souffre depuis près de deux ans des hausses de taux décidées par la banque centrale – la Fed – pour faire baisser une inflation élevée. Rendre le crédit plus cher réduit en fait la demande. D’autant plus que le pouvoir d’achat des consommateurs était également limité par les prix élevés.
Une création d’emplois supérieure aux attentes
Mais la vigueur du marché du travail permet de maintenir des taux élevés. Les entreprises du secteur privé aux Etats-Unis ont effectivement créé plus d’emplois que prévu en avril, mais moins qu’en mars, selon un chiffre également publié ce mercredi. En avril, 192 000 emplois privés ont été créés, selon l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi. Cela marque un ralentissement par rapport à mars, mois pour lequel les créations d’emplois ont été révisées à la hausse, à 208.000 au lieu des 184.000 initialement annoncés. Les analystes tablaient sur 183.000, selon le consensus Market Watch.
« Tous les secteurs ont embauché en avril », a déclaré Nela Richardson, économiste en chef chez ADP, ajoutant que « seul le secteur de l’information – télécommunications, médias et technologies de l’information – a montré une faiblesse, affichant des pertes d’emplois et le rythme d’augmentation des salaires le plus faible depuis août 2021 ».
Quant à la hausse des salaires, elle est restée stable par rapport à mars pour ceux qui n’ont pas changé d’emploi (+5% sur un an), mais est tombée à 9,3% (contre 10,1% en mars) pour ceux qui ont changé d’emploi.
Les chiffres officiels de l’emploi d’avril aux Etats-Unis seront publiés vendredi, un ralentissement des créations d’emplois par rapport à mars est attendu, à 240 000, et le taux de chômage devrait rester stable à 3,8%, selon le consensus Market Watch.
La création d’emplois a largement dépassé les attentes en mars, et 303 000 emplois ont été créés, en hausse par rapport à février. Le taux de chômage avait légèrement baissé.