La décision est tombée ce vendredi 27 septembre. L’usine de Maugein a été placée en liquidation judiciaire par une décision du tribunal de commerce de Brive. Les adeptes de l’emblématique compagnie d’accordéon de Tulle espèrent encore un petit miracle pour voir Maugein continuer.
Cent cinq ans d’existence arrêtés net ce vendredi 27 septembre par le tribunal de commerce de Brive. Maugein, le plus ancien fabricant français d’accordéons, a été placé en liquidation judiciaire, victime de la concurrence du marché asiatique. L’entreprise avait déjà fait l’objet d’une procédure de redressement judiciaire en 2013. Année après année, le fabricant d’accordéons basé à Tulle, en Corrèze, voit ses ventes s’effondrer.
Maugein est peut-être en difficulté, et en finances, mais sur scène, l’accordéon corrézien reste incontournable, même après la décision de liquidation judiciaire. En témoigne la tenue de la neuvième édition du Festival Beynat, organisé à Tulle, qui célèbre les accordéons et Maugein.
« Nous avons besoin d’accordéonistes, j’espère qu’ils continueront», explique Jean-Louis, fervent fan de l’instrument. « On croise les doigts pour qu’il y ait un rebondissement inattendu, c’est une très belle maison et c’est vraiment dommage que ça se termine comme ça» clame un autre passionné d’accordéon Maugein. C’est le coeur de la Corrèze, de la France, donc c’est très important».
Maugein, une institution qui continue de plaire même aux plus jeunes. Abigaëlle Mouchot, 13 ans, est accordéoniste depuis son plus jeune âge. « J’avais un accordéon Maugein quand j’étais petite, c’est la seule entreprise qui reste en France, je trouve que c’est dommage», regrette-t-elle.
Créée en 1919, l’usine de Maugein était devenue un acteur incontournable de l’industrie locale, employant jusqu’à 290 salariés dans les années 1950. Il n’en resterait plus que dix en 2024. A la tête de l’entreprise pendant dix ans, le manager Richard Brandao a tenté de diversifier les activités de Maugein. En 2022, il lance la production d’harmonicas et d’un accordéon électrique, mais ne parvient pas à rentabiliser le dernier atelier d’accordéons 100% made in France.
Après la décision du tribunal de commerce de Tulle, certains voyaient déjà Maugein disparaître, mais quelques heures plus tard, le député François Hollande parlait déjà d’un éventuel repreneur. Une information confirmée par le président de l’agglomération et le maire de Tulle, Bernard Combes. « Au moins un ou deux porteurs de projet sont en mesure de présenter une reprise. Pour l’instant, il est trop tôt pour en parler formellement, mais cela redonne espoir», explique-t-il.
Maugein est une entreprise du patrimoine vivant, c’est fini maintenant, mais elle peut recommencer demain sous une autre forme
Bernard CombesMaire de Tulle
Selon les informations de France 3 Limousin, l’éventuel repreneur serait Corrézien. Une solution économique pourrait être viable, à condition de conserver moins de la moitié des salariés et de réduire la taille des bâtiments.
Sébastien Farge, accordéoniste de renommée internationale, continue de promouvoir l’importance du Maugein dans la région. « Maugein, c’est pour moi une histoire de famille. Depuis l’âge de six ans, je joue avec un Maugein, l’accordéon a grandi avec moidit-il. On ne peut qu’être fiers d’apporter tout cela en Corrèze, c’est pour ça que j’ai de l’espoir. »
Il y a une nouvelle aventure qui s’écrit, même si pour le moment c’est une grosse larme
Sébastien FargéAccordéoniste
En 1993, Sébastien Farge remporte le trophée mondial d’accordéon. A ses côtés, René Lachèze, qui a dirigé Maugein pendant 32 ans, jusqu’en 1981. L’accordéoniste insiste sur le pouvoir de transmission. « Je suis ravie de pouvoir partager avec cette jeune génération et tous les accordéonistes qui seront là demain« .
Une nouvelle aventure qui s’écrit pour le moment en pointillés. Tout reste à faire pour l’éventuel acquéreur, et de nombreuses personnes à convaincre. Même si les adeptes de Maugein en sont déjà convaincus.