Malgré la baisse des prix du gaz, Engie résiste et relève ses prévisions
(Article mis à jour le 08/02/2024 à 16:19)
Les belles années sont terminées. Alors que les résultats du groupe français Engie, dont l’Etat détient 23,64% des parts, ont été tirés par l’explosion des prix de l’énergie en 2023 et surtout en 2022, la situation revient à la normale. Loin des quelque 150 euros par mégawattheure (MWh) atteints il y a deux ans et des 60 euros/MWh d’avril 2023, le gaz oscille en effet autour de 30 euros par MWh depuis le début de l’année, un niveau proche de celui d’avant la crise.
Cela a entraîné une baisse de 20,4% du chiffre d’affaires d’Engie, à 36,5 milliards d’euros, au premier semestre, par rapport à la même période un an plus tôt. Et pour cause : malgré une hausse de ses investissements dans les énergies renouvelables, la vente de gaz représente toujours une activité cruciale pour l’entreprise.
En revanche, son résultat net récurrent (qui exclut les éléments exceptionnels ou non récurrents pour se concentrer uniquement sur les activités courantes de l’entreprise) résiste mieux, même s’il affiche toujours un recul de 5,9% à 3,8 milliards d’euros. En effet, Engie a souffert d’une baisse des volumes d’énergie distribués en France en raison d’un climat doux et, par conséquent, d’une moindre consommation de gaz.
« Par rapport à la normale, l’effet température normative est négatif de 104 millions d’euros, générant une variation négative cumulée de 69 millions d’euros par rapport au premier semestre 2023 dans les activités Infrastructure, Retail et GEMS » (Global Energy Management & Sales, son unité dédiée aux entreprises et aux grands consommateurs d’énergie, ndlr), peut-on lire dans un communiqué publié dans la matinée.
Toutefois, la base de comparaison pour le premier semestre 2023 » était particulièrement élevé car nous étions à l’époque dans un environnement de prix très élevés et très volatils » a expliqué sa directrice générale, Catherine MacGregor, lors d’une conférence téléphonique de présentation des résultats aux agences de presse, a rapporté l’AFP ce vendredi.
Surtout, le groupe revoit à la hausse son objectif de résultat net récurrent pour 2024, à un niveau compris entre 5,0 et 5,6 milliards d’euros (contre une fourchette de 4,2 à 4,8 milliards d’euros annoncée précédemment).
« Capturer » la volatilité des prix
Et cela est lié à deux phénomènes : d’abord, Engie peut compter sur un très bon remplissage des barrages en Europe, notamment en France et au Portugal, grâce à des précipitations importantes. Cela a généré des volumes d’hydroélectricité nettement plus élevés au premier semestre, de l’ordre de 30%, ce qui a plus que compensé la baisse des prix, ont expliqué ses dirigeants lors d’une présentation aux analystes.
L’entreprise a ensuite démontré sa capacité à « capturer « La volatilité des prix du gaz et surtout de l’électricité, même si elle s’avère moins importante qu’en 2022 et 2023, permet de réaliser des profits importants via des achats et des ventes, a expliqué son directeur général adjoint en charge des Finances, Pierre-François Riolacci. En effet, malgré une baisse globale des prix, ceux-ci continuent de varier beaucoup plus qu’avant la crise.
Enfin, du côté du résultat net global, qui intègre des éléments exceptionnels (c’est-à-dire des gains ou pertes non récurrents, par exemple la vente d’un actif majeur ou l’achat et la revente), Engie est même revenu dans le vert. Et affiche un bénéfice net de 1,9 milliard d’euros pour les six premiers mois de l’année, contre une perte de 800 millions durant la même période il y a un an. Le résultat opérationnel (EBIT) hors nucléaire est attendu dans une fourchette indicative de 8,2 à 9,2 milliards d’euros (contre 7,5 à 8,5 milliards d’euros auparavant).
1 gigawatt d’énergies renouvelables installé au premier semestre
Dans l’ensemble, c’est un » très bon premier semestre » a commenté Catherine MacGregor vendredi.
« Cette performance financière prouve que nous pouvons délivrer des résultats solides et fiables quel que soit le contexte » a-t-elle continué à dire aux analystes.
Et de citer l’ajout de 800 mégawatts (MW) de batteries aux États-Unis, grâce à l’acquisition de Broad Reach Power, une jeune entreprise basée aux États-Unis spécialisée dans le stockage sur batteries. Par ailleurs, les activités renouvelables ont également progressé de manière significative, avec plus de 1 gigawatt (GW) installés sur la période et près de 7 GW en construction à fin juin. Enfin, Engie précise « confiant dans la réalisation de son objectif d’augmenter les capacités renouvelables de 4 GW en moyenne chaque année jusqu’en 2025 « .