Santé

Malgré deux AVC, Jean-Robert Delmas garde une volonté de fer aux Forges de la Tine à Millau

Jean-Robert Delmas est ferronnier d’art depuis l’âge de 17 ans. Entre sculptures et broches, il nous ouvre les portes de son atelier et revient sur un parcours atypique.

Comme chaque matin, Jean-Robert Delmas est dans son atelier de la rue Louis Julié. Ici, on entre comme si on pénétrait chez quelqu’un qu’on connaît depuis toujours. Il faut dire que la famille Delmas est ancrée dans les murs de Millau, y travaillant le fer depuis trois générations.

L’homme qui a subi deux AVC est toujours debout, prêt à marteler un morceau de fer qui ne va pas droit. Le bruit de l’enclume résonne dans toute la pièce, quand ce n’est pas Mozart ou Brassens qui remplissent l’espace. « On l’appelle le Mozart ferronnier, il a toujours aimé la musique classique »a dit sa femme.

Le forgeron au travail.
Le forgeron au travail.
Midi Libre – Romane Levi

Le lieu semble tout droit sorti d’un film d’époque. Les lourdes pinces utilisées par les ferronniers d’antan sont fièrement exposées au-dessus de la forge et les broches qui fonctionnent au poids feraient frémir les plus illustres antiquaires contemporains.

« Ce travail est toute ma vie »

Malgré ses problèmes de santé, le ferronnier ne se voit pas arrêter son travail de sitôt. Un tel scénario semble l’émouvoir, comme en témoigne sa voix tremblante.C’est ma vie madame, c’est ma vieil répète avec conviction, S’ils me l’enlèvent, ils me l’enlèvent.

Le forgeron dans son atelier.
Le forgeron dans son atelier.
Midi Libre – Romane Levi

A l’origine serrurier comme son père et son grand-père avant lui, et dès son plus jeune âge, Jean-Robert Delmas s’oriente rapidement vers la ferronnerie d’art. Le forgeron le dit lui-même, ce n’est pas l’argent qui l’intéresse, mais plutôt la transmission de ce savoir-faire qu’il aime tant. Bien que conscient du risque de disparition de son métier, il le transmet aux passants intéressés. « Des gens sont venus travailler ici pendant plusieurs semaines. Les étudiants ont vite appris ce que je savais faire, et cela m’ouvre le cœur », dit le forgeron avec des yeux brillants.

Le fer, un matériau sans limites

Si l’artisan, fasciné par le fer, ne voit pas « Pas de limites. J’aimerais vivre jusqu’à 200 ou 300 ans, car il y aura toujours des choses à faire que je ne connais pas encore. L’une des sculptures dont il est le plus fier ? Une sirène réalisée « en un seul morceau ». La « tête du Christ », exposée à l’entrée de l’atelier, autre figure de proue de l’œuvre de l’artiste. Comme le raconte Jean-Robert, elle a fait «deux ou trois fois le Tour de France »dans le cadre d’expositions. Au milieu de la salle, Hercule combat l’Hydre de Lerne, un monstre mythologique à neuf têtes. On a du mal à croire qu’il est en fer, tant ses contours sont précis et ses traits si semblables.

Le Christ de Jean-Robert Delmas
Le Christ de Jean-Robert Delmas
Midi Libre – Romane Levi

Un savoir-faire ancestral

Jean-Robert Delmas semble regretter le temps des artisans, sans pour autant dénigrer la génération actuelle. « Aujourd’hui, les gens savent faire moins de choses qu’avant. Il n’y avait évidemment pas d’électricité ni de téléphone, ce que nous avons aujourd’hui, même si nous pourrions nous en passer. »

Hercule contre l'Hydre de Lerne.
Hercule contre l’Hydre de Lerne.
Midi Libre – Romane Levi

A la fin de la visite, le ferronnier appuie sur le bouton play de son lecteur CD, Oncle Archibald de Brassens résonne joyeusement dans la salle.« Faire son travail et l’aimer est l’idéal. C’est mon cas et c’est une bénédiction. » conclut-il en fredonnant la musique.

Les Forges de la Tine, 3 Rue Louis Julie à Millau. Contact : 05 65 60 14 02.

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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