malaise à Marseille, où la mairie a porté plainte contre sa police municipale
Alors que la municipalité compte porter le nombre d’agents à 800 d’ici 2026, les disparités de rémunération sèment la zizanie dans les rangs des policiers municipaux. Une manifestation devant la mairie a même dégénéré.
L’image a fait jaser : une cinquantaine de policiers municipaux pénétrant de force dans l’hôtel de ville de la ville de Marseille, le tout saupoudré d’insultes visant le maire de Marseille, Benoît Payan. Les faits, perpétrés le 21 novembre lors d’une manifestation rassemblant 200 personnes et à l’initiative d’organisations syndicales, ont motivé la municipalité à porter plainte contre « dégradations ».
« La Ville a constaté des dégradations et des comportements inacceptables de la part de certains manifestants, incompatibles avec leur statut de policiers municipaux voués au quotidien au respect de la paix publique »explique la mairie de Marseille, qui déplore que la mobilisation n’ait pas eu lieu « pacifiquement ». « Si la responsabilité de certains agents était avérée, des sanctions disciplinaires pourraient être engagées »elle indique
Des éléments qui renforcent le climat de méfiance qui s’est progressivement installé entre la commune et ses policiers municipaux. « Comment voulez-vous que la police vienne dans notre commune si la mairie porte plainte contre son personnel ?ironise ironiquement au Figaro Ludovic Bedrossian, président de la CFTC de la ville de Marseille et chef de service au sein de la police municipale. « Je ne sais pas ce qui se passait dans la tête de l’administration. Nous voulons retenir les agents et empêcher certains de quitter Marseille. Ils n’y arriveront pas en créant des disparités »murmure le syndicaliste.
800 agents d’ici 2026
En juin dernier, les 580 agents de l’institution ont découvert qu’ils ne seraient plus dans le même bateau à partir du 1euh Janvier 2025 suite à la publication d’un décret relatif à l’indemnité de fonction spéciale et d’engagement. L’adoption et l’application de ce décret par la ville de Marseille devraient entraîner des disparités salariales entre les agents travaillant de jour et ceux qui travaillent de nuit ou travaillent dans des brigades spéciales.
« Jusqu’à présent, nous étions tous payés de la même manière. Il y a une volonté de l’administration de diviser les brigades. C’est une première depuis 50 ans »» peste Ludovic Bedrossian, évoquant des rencontres entre représentants syndicaux et responsables de la mairie qui n’ont pas « rien de donné ». « Nous avons demandé le maximum pour que tous les agents puissent s’en sortir financièrement. Ils nous ont dit qu’ils maintenaient leur position »il maudit.
« Certains agents se sentent abandonnés, et c’est vrai qu’il y a une certaine souffrance »confirme Christophe-Martin Chalamel, secrétaire départemental adjoint au sein de la CFDT Marseille. « Suite à cette mobilisation, la mairie s’est refroidie et a stoppé certaines négociations. Cette escalade ne profite à personne. Il faut retrouver la raison et renouer le dialogue”plaide le syndicaliste, qui n’était pas présent lors de la mobilisation du 21 novembre.
La police municipale n’avait jamais tenté de forcer l’entrée de la mairie, c’est du jamais vu
Bruno Gilles, membre du groupe d’opposition municipale de droite Une Volonté pour Marseille (UVPM)
Des difficultés qui mettent à mal le projet de la mairie visant à augmenter significativement le nombre d’agents d’ici l’échéance municipale. En 2020, la mairie comptait 422 agents et promettait de doubler ses effectifs à la fin du mandat de Benoît Payan. Au 15 octobre 2024, 151 nouveaux policiers avaient rejoint ce vivier, portant leur effectif à 573. « Nous sommes dans une bataille de chiffres, ce qui montre que la mairie ment. Ces mensonges ont un impact sur l’état d’esprit de la police municipale. tacle Bruno Gilles, membre du groupe d’opposition municipale Une Volonté pour Marseille (UVPM), classé à droite.
« Ils voulaient créer plusieurs clans au sein de la police municipale, entre ceux qui travaillent la nuit, sur les routes, à cheval. La police municipale n’avait jamais tenté de forcer l’entrée de la mairie, c’est du jamais vu. »poursuit l’élu, critiquant la majorité de Benoît Payan. « Ce dépôt de plainte est là pour montrer que nous voulons briser ce mouvement de grève et que les policiers municipaux doivent être sous les ordres de l’homme politique, ce qui n’a jamais été fait. Jean-Claude Gaudin »insiste-t-il.