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Maladie. Les espoirs déçus des patients alsaciens atteints de la maladie d’Alzheimer

Maladie. Les espoirs déçus des patients alsaciens atteints de la maladie d’Alzheimer

Docteur Sellal, vous êtes chef du service de neurologie des Hôpitaux Civils de Colmar. Existe-t-il un traitement contre la maladie d’Alzheimer ?

Pour l’instant, je n’ai rien. Pas de traitement qui agisse sur l’évolution de la maladie. Depuis une vingtaine d’années, on essaie des vaccins contre la protéine amyloïde. Ils permettent de produire des anticorps pour détruire cette protéine qui s’accumule dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer et joue un rôle clé dans le développement de la maladie. Jusqu’à présent, les résultats sont très mitigés et insuffisants pour proposer ces traitements.

Y a-t-il de l’espoir pour de nouveaux traitements ?

Oui, deux nouveaux médicaments efficaces contre ces protéines amyloïdes ont été approuvés aux États-Unis : le lécanemab et le donanemab. Le premier a été autorisé aux USA en juin 2023 et ralentit au moins la progression de la maladie. C’est une première. Nous avons de nombreux patients, parfois jeunes, qui attendaient l’autorisation de ce médicament en France. Mais l’Agence européenne du médicament a rendu un avis négatif en juillet 2024.

Pourquoi ce refus ?

Le médicament a un effet indésirable, il favorise les micro-saignements, voire les hématomes au niveau du cerveau. L’agence considère que la balance bénéfice-risque n’est pas favorable au patient. Mais on parle quand même d’une maladie incurable et mortelle. Normalement, c’est au médecin de gérer avec son patient la pertinence d’un traitement pour une maladie grave.

Pensez-vous que cette décision est excessive ?

Oui. Les personnes qui présentent ces complications hémorragiques ont un bagage génétique connu et facilement déterminable : elles sont porteuses de la combinaison E4/E4 du gène APO E. Si on évite de traiter les patients porteurs de cette combinaison, il ne reste que 0,2 % de personnes à risque d’hémorragie cliniquement significative. En contrepartie, on a un effet positif sur la cognition, le comportement et la charge de travail du soignant. C’est la politique qui a été adoptée aux États-Unis et dans plusieurs autres pays, afin de pouvoir proposer un traitement qui stoppe la maladie, tout en ne faisant courir que des risques mesurés.

Y a-t-il encore un espoir de le voir arriver en France ?

Le laboratoire va déposer un recours. Et toutes les sociétés savantes européennes de neurologie sont en train de se consulter pour exprimer leur incompréhension de la position de l’agence.

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