Quel est l’état de santé du groupe Trecobat ?
La Banque de France nous a noté « excellent » après la publication de nos résultats. La profession de constructeur de maisons individuelles est réglementée. Mais les garants, qui ont connu peu de crises, ont continué pour certains à garantir les constructeurs sans être suffisamment exigeants. Cette profession est en train de se réorganiser de telle sorte qu’elle ne pourrait plus garantir certaines entreprises dès l’automne.
La diversification du groupe vous a-t-elle permis d’anticiper cette crise ?
Trecobat a toujours été un acteur innovant, considérant que l’aspect réglementaire doit être une opportunité plutôt qu’une contrainte. Notre métier d’origine était de construire des maisons pour les propriétaires occupants. Demain et déjà aujourd’hui, il s’agit de loger les gens. C’est pourquoi, si les maisons individuelles représentent 65% de notre chiffre d’affaires, l’activité de promotion d’Amenatys, notre filiale dédiée à la revitalisation des centres-villes, nous permet de développer des petits logements collectifs ou des maisons de ville individuelles. C’est une évolution logique pour un constructeur, tout en gardant l’exigence d’un prix que le marché saura absorber. Et puis tous les mois, dans notre système de gestion, nous avons mis à jour les conditions d’achat de notre maison standard, car notre particularité est d’acheter tous les matériaux.
Il y a des disparités régionales très importantes et la Bretagne s’en sort plutôt bien. On a enregistré une baisse des prospects (clients potentiels, ndlr) après 2021. Mais 2021 a été une année record. Dans le Finistère, à fin août et sur douze mois, c’est deux ventes de moins. Mais par rapport à 2022, on est en baisse de 22 %. Dans les grandes villes, comme Rennes ou Nantes, où le foncier a complètement décollé, c’est un vrai enjeu.
Pourquoi le coût de la construction reste-t-il si élevé ?
Entre janvier 2021 et décembre 2023, le prix du foncier a peu évolué. Mais pour une maison standard de 95 m², le prix est passé de 167 000 € à 210 000 € sur la même période car les prix des matériaux n’ont jamais vraiment baissé, hormis l’acier. A cela s’ajoutent les réglementations avec la RE 2020 (les nouvelles normes énergétiques, NDLR) ou le traitement des déchets, et les salaires qui ont augmenté entre 4 et 5 points chaque année pour rendre les métiers plus attractifs. Et puis il y a les taux d’intérêt. Dans cette situation, le revenu mensuel nécessaire pour le même projet est passé de 2 775 € à 4 620 € sur la période. En général, quand il y a un dérapage de ce type, l’État intervient.
Comment pensez-vous que nous pouvons sortir de cette situation ?
En l’absence d’une politique du logement, tous les secteurs sont à l’arrêt. Il faut relancer le prêt à taux zéro pour les logements neufs et recréer un parcours résidentiel où la première étape vers la propriété sera un appartement pour une partie de la population, puis une maison individuelle en second achat, répondant au pouvoir d’achat des ménages. Il nous faut 400 000 logements en France. Il y a une réelle urgence à relancer la construction.