A l’occasion de la Journée internationale contre les violences faites aux femmes, Michel Barnier a fait une série d’annonces lundi après-midi depuis l’Hôtel-Dieu de Paris. Plus tôt dans la matinée sur le plateau de Franceinfo ce lundi, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa avait déjà dévoilé une de ces mesures. Le Parisien fait le point.
Une « Maison des femmes » dans chaque département d’ici fin 2025
Le Premier ministre a annoncé qu’il y aura, d’ici fin 2025, au moins une « Maison des femmes » dans chaque département français. Ces structures accueillent et soutiennent les femmes victimes de violences qu’elles soient physiques, psychologiques, sexuelles ou conjugales. Michel Barnier en profite pour souligner leur caractère « essentiel » et souhaite donc étendre ce dispositif sur l’ensemble du territoire.
Augmenter le nombre d’hôpitaux pouvant déposer des plaintes
C’est l’annonce majeure faite par Salima Saa ce lundi matin : le gouvernement souhaite « élargir » le nombre d’hôpitaux permettant le dépôt de plainte. Ce système existe déjà dans certains départements, mais pas dans tous. « L’idée est de l’étendre à tous les hôpitaux d’ici fin 2025 », soit dans les 377 établissements de France, a-t-elle indiqué.
Comment va se dérouler cette plainte ? Concrètement, l’établissement hospitalier et le commissariat « seront en contact » après avoir reçu le patient. « Quelqu’un viendra ensuite prendre le témoignage sur place », a-t-elle détaillé. L’objectif est de faciliter le dépôt de plainte et de le rendre plus discret pour les femmes qui n’oseraient pas se rendre dans un commissariat. « L’idée est de dire aux femmes n’hésitez pas à franchir la porte d’un hôpital », a insisté le secrétaire d’État.
Un effort sera également fait concernant la formation des interlocuteurs des victimes de violences (médecins, policiers, etc.). « Cette formation doit se faire tout au long de la carrière et de manière régulière », et non plus seulement en amont, a ajouté le secrétaire d’Etat. « Il faut adapter les outils de formation aux nouvelles formes de violence, comme la soumission chimique. »
Une expérimentation de remboursement de kits individuels pour détecter les soumissions chimiques
Lundi matin, la secrétaire d’État a annoncé que le gouvernement soutenait également une campagne d’information lancée cette semaine pour aider les victimes potentielles de la soumission chimique, qu’elle a qualifiée de « nouveau fléau ». Cette campagne, née au lendemain du procès pour viol de Mazan, a été initiée par l’association M’endors pas, cofondée par la fille de Gisèle Pélicot, principale victime au cœur de cette affaire à résonance internationale, en partenariat avec l’association ‘Ordre des Pharmaciens.
« Nous allons expérimenter le remboursement par l’Assurance maladie dans plusieurs départements de kits individuels permettant de détecter une soumission chimique pour améliorer la prise en charge des victimes potentielles », a ajouté Michel Barnier lundi après-midi.
Une augmentation des moyens consacrés à l’aide d’urgence aux victimes
Autre mesure, le gouvernement envisage d’augmenter le montant alloué à l’aide d’urgence aux victimes de violences. Ce budget devrait passer de 13 millions d’euros en 2024 à « 20 millions d’euros en 2025 », a précisé Salima Saa. Le montant moyen accordé aux victimes qui doivent quitter précipitamment leur domicile est « d’environ 800 euros ». Cela peut aller jusqu’à 1 330 euros, selon les situations.
Selon les derniers chiffres officiels, 93 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en 2023. Plus de 110 000 victimes de violences sexuelles – dont une écrasante majorité de femmes (85%) – ont été recensées par la police la même année. Selon le collectif féministe #Noustoutes, 122 femmes ont été tuées depuis le début de l’année.