Mais qui achète encore du diesel en France ?

Le diesel n’est pas mort, mais c’est presque comme si c’était le cas. Autrefois moteur préféré des Français, le « mazout » est désormais boudé. Depuis les années 1980 et l’essor de cette énergie sur les véhicules légers de tourisme, on n’avait jamais vu quelque chose de pareil. Le diesel est tombé en désuétude et le déclin semble inexorable. Seuls les véhicules utilitaires légers économisent actuellement ce carburant qui fait le bonheur des Français depuis des décennies grâce à une consommation plus faible que le sans plomb combinée à un avantage fiscal à la pompe. On n’oubliera pas non plus le paradoxe du milieu des années 2000, quand le diesel, moins émetteur de CO2, que l’on commençait à sérieusement éliminer, était même « sponsorisé » à l’achat de véhicules neufs. Mais cette époque est révolue. Ainsi, d’ici 2024, la part de marché du diesel en France sera tombée à un niveau jamais vu depuis la fin des années 1970.

Les rares acheteurs de diesel

Au cours des sept premiers mois de l’année, 81 867 véhicules diesel ont été vendus en France. Cela représente une part de marché de 7,9%, et surtout une baisse de 23%. En 1980, le diesel est en plein boom et sa part atteint… 8%.. 44 ans plus tard, la courbe s’inverse et la sentence semble irrévocable puisque les pouvoirs publics font désormais tout pour l’interdire. Naturellement plus émetteur de particules que les moteurs à essence (même si l’écart tend à se réduire avec les essences modernes plus polluantes), le diesel nécessite en réalité des systèmes de dépollution très complexes et coûteux pour être aussi « propre ». Sans être directement pénalisé par l’État, le diesel devient de moins en moins rentable pour les constructeurs qui cessent donc progressivement de l’utiliser, même si ce carburant reste, pour de nombreux automobilistes qui roulent beaucoup et en dehors des centres-villes, le meilleur choixIl n’en demeure pas moins que le déclin de ce carburant est spectaculaire.

Les chiffres nous ont été communiqués par AAAData et sont éclairants. Sur ces 81 000 ventes de janvier à juillet, seulement 23 % ont été réalisées auprès de particuliers alors que la moyenne du marché, toutes énergies confondues, est de 45 %. Les plus gros acheteurs de véhicules diesel restent évidemment les entreprises (34 % du mix). Les sociétés de location courte et longue durée ou les véhicules de démonstration complètent les ventes.

En 2024, en moyenne 2 700 véhicules diesel ont été vendus à des particuliers par mois. Une valeur très faible qui ferait presque passer les intéressés pour de véritables casse-cou dans un marché de plus en plus orienté vers les hybrides, alors que la progression des véhicules électriques ralentit sévèrement.

Les diesels les plus vendus

Le désenchantement général envers le diesel n’est pas la seule explication à la baisse des ventes auprès des particuliers. La rareté de l’offre sur les modèles les plus vendus est aussi à prendre en compte. Chez Peugeot, la carnage est impressionnant : 208, 2008, 3008 ou 5008, tous les gabarits ou presque ont renoncé au diesel. Tout comme au sein du groupe Renault, où les Duster, Captur, Austral et Espace ne le proposent plus. Dans les deux cas, il existe quelques réfractaires : Clio pour le Losange et 308 pour le Lion, afin d’améliorer les ventes aux entreprises. A juste titre, car nos mesures prouvent encore les bienfaits de ce carburant pour les conducteurs à fort kilométrage qui pourront rentabiliser un léger surinvestissement à l’achat. Il ne leur reste plus qu’à se tourner vers le groupe Volkswagen, qui tarde à évincer ce carburant de son offre, conscient qu’il convient encore à pas mal de clients.

La fin de nombreux modèles diesel donne donc une image étrange des ventes en 2024 avec un Renault Trafic VP qui réalise une ascension fulgurante de la 12ème à la 3ème place. Le Dacia Duster, rare SUV diesel grand public, résiste. Mais ça ne fera pas long feu, puisque le nouveau Duster abandonne lui aussi le diesel.