Mais que va devenir la loi Airbnb ?
L’Assemblée nationale a approuvé lundi 29 janvier en première lecture une proposition de loi multipartite visant à remédier aux déséquilibres du marché locatif dans les zones tendues. Portée par les députés Annaïg Le Meur (Renaissance) et Iñaki Echaniz (PS), cette initiative vise principalement les hébergements touristiques meublés de type Airbnb, accusé de perturber le marché de la location à long terme et d’aggraver la crise du logementLa proposition a été adoptée avec 100 voix pour et 25 contre.
La mesure phare de cette proposition est la réduction à 30 % du taux de réduction d’impôt sur les revenus de la location meublée touristique, contre 71 % ou 50 % actuellement. Une exception subsiste pour les zones rurales à très faible densité où la réduction resterait à 71 %. En outre, la loi introduit l’obligation de procéder à une Diagnostic de performance énergétique (DPE) avant que le bien ne soit loué et permet aux maires de réduire la durée maximale de location d’une résidence principale de 120 jours à 90 jours par an.
Taux d’emprunt relevés au 07/11/2024
Débats et amendements au Sénat
Les réactions au sein de la majorité ont été contrastées, avec des divergences sur la fiscalité. Le Sénat, où la droite est majoritaire, a unanimement salué cette initiative transpartisane visant à redonner du pouvoir aux maires et à réguler la prolifération des meublés de tourisme. Les sénateurs ont édulcoré certaines mesures pour parvenir à un consensusLe principal changement concerne la réduction d’impôt : une réduction de 50% est maintenue pour les logements meublés « classés » afin d’inciter les propriétaires à entreprendre de coûteuses démarches de classement.
Le Sénat également a supprimé la possibilité pour les maires de réduire de 120 à 90 jours par an la durée maximale de location d’une résidence principaleCette suppression, défendue par la sénatrice LR Anne Chain-Larché, s’appuie sur le droit de propriété et l’importance des revenus générés pour certains propriétaires. Par ailleurs, le Sénat a prolongé le délai pour que les propriétaires de meublés de tourisme se mettent en conformité avec les exigences de décence énergétique, fixant l’échéance à 2034 au lieu de 2029.
Annulation par le Conseil d’État
Récemment, le Conseil d’Etat a annulé un paragraphe permettant aux locations de type Airbnb de continuer à bénéficier d’une niche fiscale, qui avait été réduite par erreur par le gouvernement dans la loi de finances 2024. Cette décision a été prise suite à la demande de plusieurs organisations professionnelles du tourisme et de sénateurs, notamment Ian Brossat (PCF) et Max Brisson (LR). La plus haute juridiction administrative a accédé à leur demande.marquant un tournant décisif dans la lutte contre les avantages fiscaux injustifiés dont bénéficient les locations Airbnb par rapport aux locations nues.
Cette décision n’étant pas rétroactive, Les contribuables qui ont déposé leur déclaration de revenus 2023 à temps ne seront pas concernésCette annulation ouvre toutefois la voie à d’autres actions en justice contre des appareils similaires.
Et aujourd’hui ?
La loi actuelle, après des ajustements du Sénat et une annulation partielle par le Conseil d’Etat, conserve plusieurs mesures importantes visant à réguler les hébergements touristiques meublés. Le taux de réduction d’impôt sur les revenus de location de meublés touristiques reste à 30 %, avec une exception pour les zones rurales à très faible densité. La réduction de 50% pour les logements meublés « classés » est maintenue inciter les propriétaires d’investir dans la classification de leurs actifs.
La possibilité pour les maires de réduire la durée maximale de location d’une résidence principale de 120 jours à 90 jours par an a été supprimée, mais Les maires conservent de nouveaux outils réglementaires. Quant aux exigences de décence énergétique, les propriétaires ont désormais jusqu’en 2034 pour se conformer aux nouvelles normes.
Prochaines étapes et débats à venir
Les discussions se poursuivront lors de l’examen du projet de loi sur le logement au Sénat, prévu le 17 juillet 2024. Ce projet de loi comprend d’autres réformes touchant le logement social. et promet de susciter de vifs débats, notamment en raison des critiques de la gauche et des associations de locataires de logements sociaux. Plusieurs parlementaires appellent à poursuivre la réflexion sur la fiscalité des meublés touristiques et à trouver des solutions équilibrées pour le marché locatif.
La décision du Conseil d’État a a renforcé la détermination du législateur à encadrer plus strictement les avantages fiscaux des locations meublées touristiqueset de nouvelles propositions pourraient émerger dans les mois à venir pour remédier aux déséquilibres persistants du marché locatif.
Profitez de notre expertise au meilleur tarif !
depuis 3,30% plus de 15 ans(1)