Mais où sera-t-il encore possible de conduire une voiture Crit’Air 3 au 1er janvier 2025 ?

L’interdiction de circulation des véhicules classés Crit’Air 3 dans certaines zones urbaines à compter du 1er janvier 2025 (à savoir les diesels de plus de quatorze ans et les véhicules essence de plus de dix-neuf ans) est-elle une véritable ligne rouge à ne pas franchir pour les collectivités chargées d’établir des zones à faibles émissions (ZFE) ? Entre application stricte de la loi, acceptabilité sociale et baisse du pouvoir d’achat, les grandes métropoles naviguent sur une crête socialement explosive.

Difficultés sociales et techniques

Décidées par le gouvernement en 2019 pour lutter contre la pollution de l’air, rappelons que 40 000 décès prématurés sont liés à la mauvaise qualité de l’air selon Santé publique France, les ZFE et leurs différentes interdictions (Crit’Air 4, 5 et non classés) ont progressé ces dernières années avec des degrés de difficulté variables dans les villes de plus de 150 000 habitants.

Mais rapidement, les communautés chargées de leur mise en œuvre ont été confrontées à de nombreuses difficultés, notamment l’information de la population, l’acceptation, l’opposition politique et sociale, l’absence de systèmes de contrôle également alors qu’en même temps, la situation économique vécue en 2019 a changé. radicalement de celui que nous vivons actuellement.

Le nombre d’agglomérations concernées a ensuite été redistribué en juillet 2023 par le gouvernement. Dans ce contexte, cinq agglomérations (Paris, Marseille, Lyon, Strasbourg et Rouen) devaient interdire la circulation des véhicules Crit’Air 3 à compter du 1er janvier 2025.

Une détente dans le calendrier

Une date redoutée par de nombreux propriétaires réticents à abandonner un véhicule qui donne encore satisfaction pour investir dans un véhicule électrique ou hybride en ces temps difficiles. Jusqu’à ce que cette crainte soit brisée en mars dernier avec l’annonce faite par l’ancien ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Le gouvernement a en effet assoupli les règles de restriction au profit d’une « amélioration continue de la qualité de l’air dans les principales villes françaises », et donc dans les ZFE existantes ou futures. Les métropoles de Marseille, Strasbourg et Rouen, où la qualité de l’air s’est améliorée, ont ainsi obtenu la possibilité, à leur convenance, de laisser circuler dans leurs ZFE des véhicules Crit’Air 3 au-delà du 1er janvier 2025 Paris, avec un excès de dioxyde d’azote de 46 microgrammes/m3 enregistrés pour 2023, alors que le seuil réglementaire est fixé à 40, devra respecter ce délai ainsi que Lyon, également au-dessus du seuil.

Notre dossier sur la qualité de l’air

Un lâcher-prise qui ne dispense cependant pas Marseille, Strasbourg et Rouen du maintien des anciennes interdictions déjà en vigueur, tout comme pour les neuf autres agglomérations placées en territoire de vigilance et dans lesquelles existent des ZFE (Reims, Clermont-Ferrand Auvergne). , Reims, Saint-Étienne, Grenoble-Alpes, Nice, Aix-Marseille, Montpellier, Toulouse). Un allègement du dispositif que seule l’Eurométropole de Strasbourg, malgré l’annonce d’assouplissement des horaires, a d’abord refusé, avant de faire volte-face il y a quelques jours seulement. Elle a finalement annoncé qu’à la suite d’une première évaluation de l’impact de la ZFE sur la qualité de l’air, elle reportait de deux ans l’interdiction de Crit’Air 3. Une décision prise dans le souci « d’accompagner au mieux la sortie du parc de véhicules Crit’Air 3 », prenant en compte « la situation économique et sociale de nombreux ménages, l’état du parc de véhicules encore en circulation, le manque de moyens de contrôles automatisés pourtant promis par l’État. Les propriétaires de Crit’Air 3 ont donc jusqu’au 1er janvier 2027 pour se mettre en conformité avec la loi.

A Paris et Lyon, qualité de l’air insuffisante

Restent Paris et Lyon où, à l’exception des véhicules Crit’Air 3 bénéficiant de dérogations ou spécialement autorisés, ne pourront pas circuler en dehors de plages horaires prédéfinies (en semaine de 20h à 8h et le week-end). Une épine dans le pied pour de nombreux automobilistes car, selon une étude récemment publiée par l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR), un automobiliste sur quatre possède une voiture particulière immatriculée dans le périmètre de la ZFE de la Métropole du Grand Paris (MGP). une vignette Crit’Air 3 ou supérieure.

Aussi la MGP, même si elle met en avant les nets progrès enregistrés en matière de qualité de l’air depuis 2019, invite ses riverains jusqu’au 14 octobre 2024 à s’exprimer sur le projet d’arrêté restreignant la circulation des Crit’Air 3 dans le périmètre de l’A86. autoroute, via une consultation publique organisée exclusivement en ligne.