Une application éphémère ou un choix à long terme ? Le Nouveau Front populaire a surpris tout le monde cet été en proposant le nom de l’inconnue Lucie Castets pour Matignon. Une solution arrivée tardivement pour tenter de faire pression sur Emmanuel Macron après le second tour des élections législatives.
Mais début septembre, le chef de l’Etat a choisi Michel Barnier comme Premier ministre. Qu’est devenu depuis le haut fonctionnaire formé à l’ENA ? Lucie Castets est-elle toujours la candidate de la coalition de gauche ?
Toujours sur le terrain
Moins visible médiatiquement, Lucie Castets poursuit tant bien que mal son étrange campagne sur le terrain. Le candidat du Nouveau Front populaire était présent à la manifestation contre la réforme des retraites la semaine dernière à Paris. Elle sera également l’invitée de la « Pop Party », ce dimanche à Hérouville-Saint-Clair dans le Calvados, pour une journée de tables rondes. Ou encore aux « universités rurales écologiques », dans les Vosges cinq jours plus tard, pour évoquer le coût des transports et la crise agricole. Des petits événements qui illustrent la difficulté d’incarner, dans la durée, le maillon de la fragile coalition de gauche.
«Je souhaite continuer à m’impliquer en tant que compagnon de voyage des partis NFP. A plus long terme, je dois trouver ma place. C’est à l’étude… » dit-elle à Mondemi-septembre, reconnaissant implicitement la difficulté d’exister sans mandat électif.
Un mois plus tard, la haute fonctionnaire peine toujours à trouver sa place, alors que les projecteurs médiatiques se tournent désormais vers l’Assemblée nationale. Elle rêvait d’un « tour de France » pour défendre la cause des services publics, mais les partis de gauche ne l’ont pas vraiment aidée, désormais trop occupée à se battre dans l’hémicycle avec le gouvernement Barnier et ses partisans.
Toujours candidat NFP ?
Les députés du PFN ont présenté ce mercredi 10 mesures pour la préparation du budget 2025 lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. Et Lucie Castets était bel et bien présente aux côtés de l’insoumis Eric Coquerel et d’autres élus de gauche. Assez pour dire qu’elle reste candidate à Matignon en cas de censure gouvernementale ? Les écologistes sont intervenus mardi lorsqu’on leur a posé la question. « Elle participe pleinement à la vie de cet espace politique, elle assure le lien avec les associations et les syndicats. Elle est une incarnation de l’alternative au pouvoir en place », a répondu la députée EELV Léa Balage El Mariky.
Du côté du Parti socialiste, c’est encore plus flou. Après une polémique sur la régularisation des sans-papiers, Olivier Faure n’a pas hésité à critiquer publiquement Lucie Castets pour ses déclarations. Le patron du PS est d’ailleurs resté très ambigu sur son avenir. « Demain, s’il y a un changement de Premier ministre, je ne sais pas si elle est toujours notre candidate », confirme à l’AFP un proche du Premier ministre. Un député socialiste nous dit également :
» « Elle incarne le collectif, mais son nom n’est pas l’alpha et l’oméga. Elle a déjà été proposée et elle n’a pas été nommée… elle est une des figures du NFP, mais ce n’est pas automatique, il faudra relancer la discussion en cas de censure », a-t-il déclaré. »
Même ton chez François Hollande, interrogé par 20 minutes sur le plateau de Face aux Territoires ce jeudi sur TV5 Monde. « C’est à elle d’être experte, elle n’est plus candidate au poste de Premier ministre, c’est Michel Barnier qui a été choisi (…) Elle peut apporter des idées, contribuer, c’est ce qu’elle a fait, c’est tout », a réagi le ancien Président de la République, redevenu député.
Contacté par 20 minutesLucie Castets et son entourage n’ont pas répondu à nos sollicitations. S’adressant à Mediapart ce mardi, l’intéressée s’est dite « prête » à tenir ses engagements pour Matignon, mais a reconnu que la situation a peut-être changé : « si les circonstances évoluent, elles évoluent (…) ce n’est pas une question de nom ». , mais de substance. En attendant, l’ancien directeur financier de la mairie de Paris est à la recherche d’un nouvel emploi.