Maire de Montjoi attaqué par Papacito : l’influenceur d’extrême-droite condamné par la justice pour incitation à la haine et à la violence
L’influenceur d’extrême droite « Papacito » a été condamné à 5 000 euros d’amende pour injure publique et incitation à la violence contre le maire de Montjoi en 2023, mais a été relaxé sur une partie des faits.
Ugo Gil Jimenez, alias « Papacito », 38 ans, figure de la mouvance d’extrême droite sur la toile, a été reconnu coupable du procès où il a comparu en février devant le tribunal correctionnel de Paris, mais il peut néanmoins souffler. En imposant une amende pénale simple de 5 000 euros pour « injure et incitation à la violence » contre le maire de Montjoi (Tarn-et-Garonne), Christian Heurgal, les juges n’ont pas complètement suivi le parquet.
Ce dernier avait requis six mois de prison avec sursis et 3 000 euros d’amende. Le tribunal a acquitté l’influenceur sur une partie des faits, abandonnant les charges sur une première vidéo diffusée en 2022, ne retenant que celles relatives à une seconde de 2023, sur le même sujet.
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L’avocat de Papacito, Me Martial Groslambert, s’est déclaré relativement satisfait du jugement et a expliqué qu’il discuterait avec son client de la possibilité de faire appel, qui n’est donc pas certaine. « Il est acquitté de trois des cinq chefs d’accusation de prévention. Nous avons une sanction extrêmement réduite et modérée », a-t-il déclaré aux journalistes.
Incitation à la violence et injure publique
Les deux vidéos diffusées sur une chaîne YouTube de 200 000 abonnés brodaient chacune pendant une heure sur une sombre histoire d’une route municipale privatisée au profit d’un résident britannique et au préjudice supposé d’un éleveur de porcs, ami personnel de « Papacito ». Le maire, apparemment caricaturé sous la forme d’un personnage vêtu d’un costume de fouine, a été symboliquement sodomisé, insulté, caricaturé et finalement condamné au bûcher, écartelé, pendu, décapité au motif d’homosexualité supposée. Papacito est également apparu dans une production avec des copains armés unis dans l’idée théâtrale de « punir » le maire.
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Le tribunal confirme donc la prévention de l’incitation à la violence et celle des insultes publiques « en raison d’une orientation sexuelle présumée ». Ces mêmes chefs d’injure publique et de provocation à la haine ou à la violence sont abandonnés concernant les passages de la première vidéo visés par le parquet, pour des raisons juridiques restées d’emblée obscures, le tribunal n’ayant pas lu les motivations pour prendre sa décision.
« On risque d’avoir un jour quelque chose de terrible »
Avec plus d’un million de vues, les vidéos ont suscité un déferlement prolongé d’insultes et de menaces, de tags sur les murs du village et sur les panneaux routiers, certains indiquant le chemin vers le domicile de l’élu. L’avocat de ce dernier, Me Thierry Deville, avait souligné lors de l’audience les risques d’une telle campagne de haine, exigeant 276 000 euros de réparations – la somme perçue par Papacito après une collecte en ligne censée indemniser son ami éleveur de la vidéo. « Aujourd’hui, tout le monde a peur d’avoir une vidéo de Papacito. Nous risquons d’avoir un jour quelque chose de terrible», a déclaré l’avocat, qui n’était pas présent lorsque la décision a été rendue, à l’audience.
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Mais sur ce point des réparations civiles à payer par Papacito, le tribunal ne donne pas non plus satisfaction au maire, lui accordant seulement 4 000 euros, plus 2 000 euros pour ses frais de justice. Trois associations contre l’homophobie ont également obtenu un total de 4 500 euros de réparations et de frais de justice. Les constitutions de partie civile de l’épouse du maire et de l’association des maires du Tarn-et-Garonne ont été déclarées irrecevables.
A l’audience, Ugo Gil Jimenez et ses avocats ont plaidé le droit à la liberté d’expression et à la satire, affirmant être le poète Jean de la Fontaine. Ils ont assuré que les insultes utilisées faisaient « partie de la coutume du sud-ouest et de l’esprit du rugby ». Papacito avait également expliqué que la belette ne représentait pas vraiment le maire mais représentait dans son esprit une catégorie plus générale de personnes qu’il décriait. Papacito explique avoir voulu utiliser cette affaire de route communale pour illustrer ce qu’il perçoit comme « l’opposition entre ruralité et bourgeoisie itinérante ».